8 janvier 2018
En réaction à l’article « Constitution : le ROC reste sourd aux appels de Couillard », publié dans Le Devoir, je crois d’abord utile de rappeler que notre politique d’affirmation et de relations canadiennes déborde largement le seul cadre constitutionnel. Ensuite, et surtout, j’estime essentiel de souligner certaines dimensions de la démarche amorcée par cette politique.
À l’occasion du 150e anniversaire de la fédération canadienne, nous avons affirmé ce que nous sommes comme Québécois et avons proposé la reprise d’un dialogue oublié, sur la place du Québec au sein du Canada. Nous avons partagé, avec tous les Canadiens, une proposition pour le Canada de demain. Notre mission est d’abord de redonner aux penseurs canadiens le désir de réfléchir à l’avenir de notre fédération, en y incluant la perspective québécoise. La réponse à nos approches en ce domaine est, à ce jour, positive et enthousiasmante.
Nous avons pris part à des activités à l’Université McGill, à l’Université Concordia et à l’Université de Montréal, aux universités Memorial, York et Queen’s ainsi qu’à celles de l’Alberta, de Calgary, de Regina. La Politique est une lecture obligatoire dans un cours de politique canadienne à l’Université Queen’s et dans un cours de droit constitutionnel à l’Université McGill.
Le réputé Institut de relations intergouvernementales de l’Université Queen’s a, en novembre, organisé toute une journée de discussions sur les moyens de mise en oeuvre de la Politique. La question de l’asymétrie comme façon de viser des objectifs communs dans le respect de nos différences, soulignée, en septembre, par la première ministre de l’Ontario devant l’Assemblée nationale du Québec, a été abordée à plusieurs reprises, indiquant un changement dans la pensée fédérale canadienne. Tout récemment, le premier ministre du Québec et la première ministre de l’Ontario ont été réunis au Mowat Centre pour discuter de notre politique lors de la Confederation of Tomorrow Conference 2.0, une discussion chaudement applaudie par l’auditoire.
La relation Québec-Canada ne se résume pas qu’à celle de deux solitudes. De nombreuses solidarités nous unissent, montrant qu’un rapprochement est non seulement possible, mais avantageux pour tous. Nos relations commerciales à travers le Canada en témoignent chaque jour ; par exemple, je vous rappelle que nous échangeons plus de biens avec le Nouveau-Brunswick qu’avec toute la France.
La Politique d’affirmation du Québec et de relations canadiennes est une démarche essentielle et de longue haleine. Elle nous rappelle qu’un dialogue respectueux, franc et empreint de confiance mutuelle, qui met en évidence les solidarités économiques, environnementales, sociales et culturelles que nous avons ensemble, a toutes les chances de nous permettre d’en créer d’autres.
Il n’y a pas d’appétit constitutionnel, mais il y en a un pour une meilleure compréhension mutuelle et pour un rapprochement au sein du Canada : plus de place pour les autochtones, une compréhension accrue du sentiment d’aliénation de l’Ouest, une meilleure reconnaissance de la nation québécoise. C’est avec une nouvelle compréhension que pourra s’ouvrir, sans crise, une fenêtre constitutionnelle. Nous avons tous une histoire à raconter. Nous avons tous une histoire commune à écrire ensemble. Nous devons reprendre le dialogue sur nos relations. Une chose me paraît claire, c’est qu’il faut d’abord mieux se connaître pour mieux se reconnaître. Nous y travaillons patiemment.
Jean-Marc Fournier
Ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne