La version prononcée fait foi.
Madame la Présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (Sylviane Lanthier),
Madame la Directrice générale de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (Suzanne Bossé),
Monsieur le Directeur du bureau de Québec, Pierre Bhérer,
Mesdames et Messieurs présidents et directeurs généraux des organismes pancanadiens, provinciaux et territoriaux de la francophonie canadienne,
Chers invités,
C’est un très grand plaisir pour moi de vous revoir aujourd’hui, dans le cadre de cette année marquant le 40e anniversaire de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada.
C’est un véritable plaisir, oui, mais malheureusement ombragé par une décision judiciaire venant tout juste d’être rendue. J’aurai l’occasion d’y revenir.
Je tiens simplement à vous dire que je comprends très bien la déception qui peut vous habiter, aujourd’hui.
J’ai toujours tendance à croire que – et je sais que pour vous, c’est encore plus vrai – ce n’est pas parce qu’il y a un obstacle qu’il n’y a pas de chemins qui nous permettent de contourner cet obstacle.
Les décisions judiciaires ne vont pas toujours dans le sens que l’on souhaite; la volonté politique peut toujours s’affirmer.
Je constate cette volonté par les visites que je fais, notamment en Alberta, qui me permettent de croire qu’il existe des détours politiques qui nous permettent d’aller au-delà des obligations judiciaires.
Depuis sa création, en 1975, la FCFA est un partenaire de premier plan pour le Québec. En tant que chef de file du réseau de concertation des organismes de la francophonie canadienne, elle exerce un leadership important qui permet de faire avancer le français dans tous les secteurs d’intérêt de la société.
Le Québec reconnait, depuis plusieurs années, l’apport fondamental de la Fédération à la pérennité du français au Canada et ouvrait ainsi, en 1988, un bureau de représentation de la FCFA sur son territoire. Depuis sa création, ce bureau contribue à la création de liens durables et au développement de collaborations dans une multitude de champs d’activité.
D’entrée de jeu, je me permets de dire que nous souhaitons continuer d’appuyer la présence de ce bureau au Québec.
En ce 40e anniversaire, je tiens à souligner l’engagement exceptionnel de la nouvelle présidente de la FCFA, Mme Sylviane Lanthier, de la directrice générale, Mme Suzanne Bossé, du directeur du bureau de représentation à Québec, M. Pierre Bhérer, de toute l’équipe de la Fédération ainsi que des dirigeants du Forum des leaders.
Votre travail remarquable, dans toutes les régions du pays, renforce le statut du français et consolide la place des francophones au Canada.
Aujourd’hui, avec vous tous, nous donnons une nouvelle impulsion à notre mission commune.
Nous signerons, dans quelques minutes, une nouvelle entente de collaboration en vue de poursuivre nos efforts pour renforcer la francophonie canadienne et assurer la vitalité et la pérennité de la langue française et des communautés francophones et acadiennes.
Par cette entente, nous nous engageons à développer des alliances stratégiques, à multiplier les échanges et à accroître les liens et les collaborations entre les communautés francophones et acadiennes et la société québécoise.
Nous visons donc, notamment, à favoriser une meilleure connaissance réciproque des communautés francophones et acadiennes et de la société civile québécoise.
Aussi, dorénavant, nous allons davantage prendre appui sur les associations francophones des différentes provinces et territoires pour administrer de façon plus efficace et plus utile, je crois, nos programmes de coopération et d’appui.
Par ailleurs, ensemble, nous allons contribuer au rayonnement du Centre de la francophonie des Amériques et collaborer à la réalisation d’actions menées par le Centre, visant à renforcer et à enrichir les liens entre les Québécois et les francophones et francophiles de l’extérieur du Québec au Canada.
L’entente est accompagnée d’un plan d’action triennal qui détermine de façon plus concrète les activités et les collaborations qui seront réalisées conjointement pour la période 2016-2019. Par exemple :
Nous allons promouvoir et collaborer aux projets en matière de francophonie canadienne, mis de l’avant dans le cadre du 150e anniversaire de la Confédération en 2017, notamment le projet de circuit touristique et patrimonial de la francophonie canadienne. J’y reviendrai dans quelques minutes;
Le ministre, donc moi et les autres qui me remplaceront jusqu’à la fin des temps, j’espère, s’engage également à tenir, tous les deux ans, une rencontre de concertation avec les membres du Forum des leaders, afin de discuter des enjeux et défis auxquels les communautés francophones et acadiennes font face ainsi que des pistes d’action à prioriser pour répondre à leurs besoins et faire progresser la francophonie canadienne.
C’est avec vous et avec l’ensemble des gouvernements et de son milieu associatif que le Québec désire accroître sa collaboration, afin de mettre en œuvre des initiatives plus structurantes, répondant davantage aux besoins et aux défis des communautés francophones.
Je tiens à le dire, d’ailleurs : lorsque je fais mes tournées, je rencontre le milieu associatif dans les différentes provinces et l’on doit essayer de se coller le plus possible aux priorités vécues par les communautés.
C’est en fonction de cet objectif que nous avons procédé à une réflexion sur nos deux programmes de soutien financier en matière de francophonie canadienne.
Afin de nous assurer que les nouvelles orientations que nous mettrons de l’avant dès 2016 tiennent compte de vos préoccupations et des enjeux vous touchant, nous vous avons consultés en février dernier et avons ensuite adapté nos orientations en fonction des préoccupations qui avaient alors été soulevées.
Nous avons également instauré, comme je le mentionnais il y a quelques minutes, un processus formel de consultation du Forum des leaders, tous les deux ans, afin que notre politique et nos programmes soient en harmonie avec vos besoins et priorités.
Ces nouvelles orientations visent à démontrer qu’il y a un avantage à être francophone au Canada; non seulement à le démontrer auprès des communautés francophones et acadiennes, mais aussi, et surtout, auprès des gouvernements et de l’ensemble de la population canadienne.
Ainsi, nous visons dorénavant à travailler davantage avec chacun des gouvernements provinciaux et territoriaux, et ce, en collaboration avec l’organisme porte-parole de la province ou du territoire concerné, en vue d’élaborer, dans certains cas, une nouvelle entente de coopération ou un nouveau plan d’action ciblant des priorités, qui seront utiles à l’évaluation des projets déposés dans le cadre du Programme de coopération intergouvernementale.
Nous visons aussi à accroître le budget de la coopération intergouvernementale. C’est d’ailleurs ce que je demande à mes homologues des autres provinces, lorsque je les rencontre.
Nous voulons aussi accorder plus d’importance aux projets pancanadiens et multirégionaux et collaborer davantage avec les organismes pancanadiens afin de faire émerger des initiatives ayant de réels effets sur la pérennité du français et l’épanouissement des communautés francophones et acadiennes.
Et nous acceptons votre souhait de continuer à soutenir les petits projets de moins de 5 000 $.
Pour rallier et les gouvernements et le milieu associatif francophone, j’ai amorcé, en août dernier, une tournée de promotion de ceux-ci; mais surtout, cette tournée m’aura permis de mettre l’accent sur l’importance de la coopération intergouvernementale et la francophonie canadienne.
Lors de cette tournée, j’ai eu de productifs entretiens avec mes homologues du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba, de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. Ils m’ont tous signifié leur intérêt à accroître notre coopération bilatérale.
Lors de ces visites, j’ai également pu constater – même si ce matin, on pourrait l’interpréter de manière différente – qu’un vent nouveau s’élevait en faveur de la francophonie canadienne.
J’étais présent, il y a quelques semaines, lors de l’annonce du premier ministre du Manitoba, M. Greg Selinger, de son intention de déposer un projet de loi sur les services en français.
J’assistais ensuite, à Edmonton, au Congrès annuel de la francophonie albertaine, moment où le ministre David Eggen a tendu la main aux Franco-Albertains afin de faire progresser la situation du français et où il a dit que, peu importe la décision judiciaire dans l’affaire Caron, il entendait poursuivre les discussions.
Il faut aussi souligner l’enthousiasme du gouvernement de l’Ontario à célébrer le 400e de la présence francophone et celui des villes ontariennes, où quelque 400 drapeaux franco-ontariens ont été hissés.
J’étais à un évènement, ce matin, de Canada 2020, où Mme Wynne et M. Couillard participaient ensemble, et Mme Meilleur était là. Nous étions encore ensemble.
J’ai réellement apprécié l’enthousiasme du gouvernement ontarien à vouloir célébrer ce 400e. J’ai été touché par les célébrations à Penetanguishene, notamment, où une majorité anglophone était présente, réunie sur un site historique formidable, qui voulait célébrer le français. J’ai été touché.
Je crois fermement que c’est ensemble que nous devons consolider la place de la langue française.
Grâce aux 2,6 millions de francophones et francophiles qui le portent, le français au Canada n’est plus sur la défensive; il progresse, il est fier et il s'affirme.
Depuis quelques années, la francophonie canadienne a décidé d’ouvrir ses portes. Elle est maintenant plurielle, ouverte et diversifiée. Et je dois vous dire que je l’ai appris; je ne le savais pas.
La question identitaire elle-même de la francophonie connait une évolution. Et vous savez, nous, au Québec, on est chez nous; on voit notre identité québécoise en évolution et on constate l’évolution des autres et, finalement, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’affinités entre ces identités. On est plus ouverts, plus diversifiés.
Elle accueille les immigrants, les enfants de familles exogames et les familles aux parents anglophones qui envoient leurs enfants en immersion française; bref, la francophilie.
Le français, on ne le chuchote plus; on le célèbre. Il a retrouvé une légitimité. Il est de plus en plus reconnu et accepté. Tout n’est pas parfait, mais il y a une tendance claire. Elle doit être reconnue et nous insuffler la confiance et l’enthousiasme de poursuivre la route.
En 2017, nous aurons l’occasion de célébrer un autre anniversaire : celui de notre pays.
Nous nous rappelons alors le rôle fondamental que les francophones et les Premières Nations ont joué dans la construction de ce pays, dès les premiers jours de sa fondation.
Si cet héritage francophone, que nous avons en commun, n’est pas qu’un rappel historique, mais aussi une promesse d’avenir, c’est grâce à vous.
Aujourd’hui, nous invitons les Québécois à vous rencontrer, à vous connaître, à vous reconnaître… à se reconnaitre.
À l’aube du 150e, la vision de l’avenir que le Québec propose est celle d’un avenir commun. Et nous ne sommes pas seuls.
L’Ontario et le Québec signaient, il y a un an presque jour pour jour, une déclaration portant sur la francophonie canadienne qui consacre la valeur fondamentale du rôle joué par les francophones dans la fondation et la construction du Canada. Celle-ci se veut un instrument rassembleur et d’influence autour d’enjeux déterminants comme le financement de Radio-Canada et l’immigration francophone.
Le nouveau gouvernement fédéral entend d’ailleurs injecter 150 millions supplémentaires à la Société, ce qui contribuera certainement à lui redonner le souffle dont elle a tant besoin.
Le Québec souhaite signer une déclaration similaire avec chaque province et territoire, et c’est une discussion que j’ai avec mes homologues, lorsque je les rencontre.
En 2016, un forum sur l’immigration francophone, initiative de la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, se tiendra également. L’immigration en français doit devenir notre priorité.
Ensemble, c’est aussi les villes, villages, les milieux économiques, sociaux; bref, la société civile. Le Rendez-vous de fondation du Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique, organisé par la Ville de Québec et le Centre de la francophonie des Amériques, fut un franc succès.
Plusieurs d’entre vous y ont d’ailleurs pris part.
En marge de ce rendez-vous, le Québec et l’Ontario ont convoqué des représentants de différents gouvernements, dont le fédéral, afin de discuter de pistes de collaboration et de synergie en matière de tourisme.
Au sortir de cette rencontre, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse ont joint leur voix au Québec et à l’Ontario, et ensemble, nous avons convenu de prendre le dossier en mains afin de le compléter, dans l’objectif de demander au gouvernement fédéral que ce circuit devienne un legs permanent à l’égard de la francophonie canadienne, à l’occasion du 150e anniversaire de la Confédération, en 2017. Nous avons même tendu la main au fédéral pour qu’il se joigne à nous le plus tôt possible.
Bien sûr, ce n'est qu'un début; la marche est encore longue. Il y a encore tant de progrès à faire.
Malgré l’épreuve du temps, notre langue vibre encore au Canada. Le Québec a eu le « maître chez nous ». Notre identité a évolué. Certains y ont vu éloignement, et d’autres, la voie rapide d’une séparation politique.
Pas moi. Pas nous.
Nous sommes et serons de fiers Québécois. Nous aspirons aussi à nous impliquer davantage dans notre projet commun canadien.
Notre d’appartenance canadienne ne diminue en rien notre allégeance québécoise. Certains veulent nous confiner à une appartenance unique en niant une identité qui envisage plus large qu’une seule appartenance.
Pour eux, les appartenances s’opposent. Ils font fausse route. Le monde moderne est aux appartenances plurielles.
L’avenir de l’humanité ne passe pas par la construction de murs, mais par la construction de ponts entre les collectivités.
Évidemment, pour nous, Québécois, qui voulons nous réapproprier une appartenance canadienne, le chemin à suivre est celui de notre appartenance à la famille francophone canadienne; ce chemin que vous avez pavé et entretenu, ce chemin qui nous amène toujours plus loin.
Aujourd’hui, Le Québec reconnait et salue cette grande famille.
À l’aube du 150e anniversaire de la Confédération, nous partageons une vision d’un pays où nous sommes chez nous, partout.
Je vous remercie pour votre attention.