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Musée MacBride, Whitehorse, le 31 mars 2016 Allocution du ministre Jean-Marc Fournier à l’occasion de la signature du nouvel Accord de coopération et d’échanges entre le Gouvernement du Québec et le Gouvernement du Yukon en matière de francophonie et de la Déclaration portant sur la francophonie canadienne  

La version prononcée fait foi.

Madame la Vice-Première Ministre et Ministre responsable de la Direction des services en français (Elaine Taylor),

Monsieur le Commissaire du Yukon (Douglas Phillips),

Madame la Présidente de l’Association franco-yukonnaise (Angélique Bernard),

Mesdames et Messieurs les présidents, directeurs généraux et représentants des organismes de la francophonie yukonnaise,

Mesdames,
Messieurs,

Ce fut une journée formidable, à la découverte du Yukon et de sa francophonie.

Les Franco-Yukonnais ont une complice de premier choix, madame Taylor, chez qui j’ai reconnu, aujourd’hui, une grande alliée. La francophonie canadienne également.

À l’aube du 150e, tous ensemble, nous devons regarder vers l’avenir. Plus que jamais, le français prend place au Canada; il progresse, il est de plus en plus légitime.

Les cours interprètent le droit.

Les lois font le droit.

Les décideurs publics choisissent la direction : clairement, ils ont choisi, ici, de développer le « vivre ensemble », de faire une place à chacun.

Ici, vos efforts communs sont une démonstration tangible des fruits d’une collaboration étroite et concertée entre un gouvernement et sa communauté. Vous avez entamé un parcours utile que, j’espère, plusieurs autres emprunteront.

Grâce à vous, le français continuera à grandir au sein du Canada.

Les francophones du Yukon ont décidé de maintenir une présence française au Yukon. Vous avez gardé un espace francophone pour ceux qui aspirent à ce que cet espace soit découvert et nous offre une porte ouverte et un accueil.

Un Québécois comme moi, qui se demande parfois « est-ce qu’à l’extérieur du Québec, c’est aussi un peu chez moi », vous m’offrez une résonnance nécessaire au développement de mon appartenance au Canada.

Vous avez toujours été là; encore aujourd’hui. Les Québécois ne le disent pas assez : merci d’avoir gardé notre langue, cet espace d’accueil où, pour nous, il est bon de savoir que l’on peut parler en français.

De nos jours, avec 2,6 millions de francophones et francophiles, cet espace est important.

On me disait, aujourd’hui, que vous êtes plus de 4 500 à parler français (13,4 % de la population du Yukon), soit à cause de l’école française ou de l’immersion en français ou de l’immigration.

J’ai appris que 50 % des élèves en classe sont soit en français ou en immersion. Je n’en reviens pas! C’est un réel signal!

Tout à l’heure, nous allons signer trois documents; c’est une première. C’est la première fois que nous allons signer une déclaration sur la francophonie canadienne, une nouvelle entente de coopération et un plan d’action qui implique le milieu associatif. Nous désirons que les autres provinces et territoires se joignent à ce mouvement.

En janvier dernier, on signait une déclaration et une nouvelle entente de coopération; on disait alors que c’était une première. Après trois, on va arrêter de dire que c’est une première!

Aujourd’hui, nous faisons ensemble un autre pas pour la francophonie canadienne. Déclaration, coopération, plan d’action : une première!

La déclaration que nous signons reconnaît le rôle clé qu’ont joué les francophones dans la fondation et la construction du Canada. Déjà, de se le rappeler et le dire aux gens qui ne sont pas dans la Francophonie, c’est important.

Cette déclaration se veut rassembleuse et s’appuie sur des valeurs de solidarité, d’ouverture et de collaboration. Elle s’inscrit dans un mouvement canadien d’engagement envers la langue française et la francophonie canadienne.

Le Québec signait une déclaration similaire avec l’Ontario, à l’automne 2014, et avec le Manitoba, en janvier dernier.

Par cette déclaration, nous nous engageons à travailler conjointement et de concert avec les autres gouvernements au Canada à la promotion, à la protection, à la pérennité et à la vitalité du français.

Certains d’entre vous vont dire « ce ne sont que des mots ». Nous avons tout de même choisi de les mettre sur une feuille de papier, et on a quand même choisi de signer en dessous!

Nous favoriserons ainsi le développement d’alliances stratégiques, la multiplication des échanges et l’accroissement des liens et des collaborations entre les gouvernements afin de veiller notamment :

  • à faire la promotion de la langue française et de la francophonie canadienne en tant que valeur identitaire et force à exploiter; ça fait partie de l’identité canadienne.
  • à poser des gestes concrets visant à s’assurer le maintien du poids démographique des francophones partout au pays, notamment au moyen de l’immigration francophone; ensemble, depuis deux ans, on plaide pour plus d’immigration francophone, les autres gouvernements plus que le Québec, et c’est d’ailleurs toujours une surprise de l’entendre. Pour la première, à l’automne prochain, une rencontre conjointe des ministres de l’immigration et de la francophonie se tiendra. Nous devons nous doter d’un plan d’action pour atteindre au minimum la proportion de ceux qui sont de langue maternelle française au Canada.
  • à encourager l’offre active de services en français, notamment en venant en appui au Cadre stratégique d’implantation des services en langue française au Yukon et aux trois priorités identifiées par la communauté franco-yukonaise, soit la santé, l’éducation et la culture.

Nous donnons également un nouvel élan à notre complicité, en renouvelant notre accord de coopération en matière de francophonie canadienne. […] Nous la réinventons complètement, à mon avis.

Dans cet accord, le Québec et le Yukon instituent une coopération engagée et pleine d’avenir, et ce, à maints égards. C’est ainsi que nous nous engageons à investir chacun 25 000 $ annuellement, pour les cinq prochaines années, afin que des projets porteurs et structurants pour la francophonie puissent être mis de l’avant.

Autrement dit, 50 000 $ par année. […]

Je tiens à souligner ici l’effort qui est fait de passer d’une moyenne de 2 000 $ par année, durant les derniers cinq ans, à 25 000 $ par année dorénavant.

De plus, nos deux gouvernements conviennent d’échanger leur expertise et de coopérer dans plusieurs domaines clés, tels que l’immigration et le tourisme, ainsi qu’à l’égard de la jeunesse.

En outre, afin d’instituer un dialogue étroit, continu et proactif, nous convenons de nous rencontrer, Mme Taylor et moi, au moins une fois tous les deux ans, pour échanger et faire le point en matière de francophonie canadienne ainsi que pour discuter du prochain plan d’action triennal, qui sera élaboré en fonction des besoins et des priorités identifiées notamment par l’Association franco-yukonnaise.

Il y a une raison pour laquelle nous signons ces ententes, ici au Yukon, et ailleurs. Il y a une raison qui justifie cette légitimité nouvelle pour le français.

French is an asset to Canada. It is one of our country’s intrinsic values. It is part of our collective wealth.

Canada is a member of the Commonwealth and of the Organisation internationale de la Francophonie; these are two important levers that enable Canada to distinguish itself diplomatically and economically speaking; two languages and one vision of the world, a vision that gives a place to citizens of all origins.

Our Canadian experience offers the entire world an example of a society in which everyone adds to Canada’s prosperity: a country that is a good place to live; a peaceful, just and civilized country. Our future is to live side-by-side, learn to know each other and recognize each other, rather than mistrusting and ignoring one another.

Ce que j’ai vu, aujourd’hui, lors de mes échanges avec Mme Taylor, lors de mes visites au Centre de la francophonie et à l’école Émilie-Tremblay, c’est justement ce que nous devons devenir : une communauté où les gens se connaissent et se reconnaissent. Je n’ai pas vu deux solitudes; j’ai vu une communauté qui parle deux langues et j’ai senti qu’ici, au Yukon, on est ensemble pour le français.

As a Quebecker, this acceptance of the French language is important not just because it allows French to maintain its presence, but more importantly it gives us the ability to discover a new sense of belonging to Canada.

We don’t really need a last-minute “love-in”.

Recognition and the feeling of being together are things that are built on a day-by-day basis, in mutual respect.

Today, Yukon is opening its door to our language and is thus opening its door to Quebecers. To Quebecers, Québec is our home. There is reason to hope that your openness will also make us feel a little more “at home” among you!

Chez nous, chez vous. […]

Lorsque les Québécois découvriront les 2,6 millions de francophones et francophiles, lorsqu’ils auront l’occasion de faire retentir leur langue, de sentir que dans ces empreintes historiques se retrouve un peu d’eux, ils vont pouvoir réapprendre l’appartenance canadienne.

Ils ne vont pas cesser d’être Québécois; on peut avoir une identité qui inclut plusieurs appartenances, et ce que le gouvernement fait, aujourd’hui, avec la communauté et les francophones, c’est important pour eux, mais aussi pour nous.

En ce dernier jour du Mois de la Francophonie et à l’aube du 150e anniversaire de la fédération, j’interpelle l’ensemble des Canadiens pour leur dire que nous avons un projet commun.

Nous ne sommes pas deux solitudes.

Nous sommes ensemble avec nos deux langues.

Nous sommes ensemble avec notre histoire.

Nous sommes ensemble pour l’avenir.

Parce qu’aujourd’hui, nous avons choisi d’être ensemble pour le français.

Bonne soirée!

Album photos

Le 31 mars 2016, à Whitehorse, le ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Jean-Marc Fournier, en présence de la ministre responsable de la Direction des services en français du Yukon, Élaine Taylor, prononce une allocution à l’occasion de la signature du nouvel Accord de coopération et d’échanges entre le Gouvernement du Québec et le Gouvernement du Yukon en matière de francophonie et de la Déclaration portant sur la francophonie canadienne.

Gracieuseté : Gouvernement du Yukon