La version prononcée fait foi.
Madame Francine Landry, ministre du Développement économique et ministre responsable de la Francophonie,
Monsieur Cyrille Simard, maire d’Edmundston,
Représentants du gouvernement du Nouveau-Brunswick,
Chers amis, francophones, acadiens et francophiles,
Je suis très heureux d’être parmi vous afin de signer, avec la ministre responsable de la Francophonie, l’Accord de coopération et d’échanges en matière de francophonie entre nos deux gouvernements.
Il y aura bientôt 50 ans, nous témoignions pour la première fois de la volonté de nos deux gouvernements de faire prospérer la langue française1.
Cette volonté a été renforcée, le 19 août 2016, par la signature d’une déclaration qui souligne le caractère fondamental de la francophonie dans l’identité canadienne.
À ce jour, une majorité des gouvernements des provinces et des territoires a signé une telle déclaration (neuf provinces et un territoire).
Par ailleurs, nous signons aussi un nouvel accord qui affirme notre collaboration dans les nombreux domaines d’activités prioritaires pour les communautés francophones et acadiennes néo-brunswickoises : l’économie; le développement local; l’immigration francophone; l’éducation; le tourisme; les arts, la culture et les communications; l’emploi et la sécurité du revenu; la jeunesse; la petite enfance et la famille; la santé et les services sociaux ainsi que la langue française.
Ces priorités témoignent de la prise en compte des besoins réels de la population francophone du Nouveau-Brunswick.
Ainsi, pour l’année 2017-2018, nous nous engageons à cibler un investissement minimum annuel conjoint de 400 000 $! Cet engagement sera reconduit pour les deux années subséquentes.
Au total, nos deux gouvernements investiront, pour les trois prochaines années, un minimum de près de 1,2 M$ (soit 200 000 $ par an, chacun, sur trois ans) dans le cadre de ce nouvel accord. Ceci représente une augmentation de près de 15 % par rapport par rapport aux sommes consacrées par nos gouvernements au cours des trois dernières années à la promotion et la diffusion de la langue française et de la culture francophone (170 000 $ en moyenne au cours trois dernières années).
C’est aussi le montant le plus élevé jamais engagé par nos deux gouvernements dans le cadre notre coopération en matière de francophonie.
Les francophones et acadiens font partie de l’ADN du Canada. Ils ont exploré et façonné ce pays. Ils ont joué un rôle primordial dans sa fondation et sont, encore aujourd’hui, au cœur même de son avenir.
Nos langues officielles constituent un avantage formidable pour le Canada.
Peu de pays ont la chance d’avoir une fenêtre sur le monde anglophone et une autre sur le monde francophone.
Nous sommes près de 10,5 millions de francophones et de francophiles partout à travers le Canada.
Il y a 275 millions2 de francophones dans le monde.
Il y en aura 700 millions en 2050.
Ouvrons toute grande notre fenêtre sur le monde francophone.
Notre langue française représente un lien entre nous et bientôt, ces 700 millions de personnes. C'est à la fois un avantage économique, social, culturel et diplomatique partout au Canada.
Le Canada a un avantage comparatif formidable. Et nous, du Québec et du Nouveau-Brunswick, en sommes les avant-postes. Nous avons une responsabilité particulière à préparer le Canada de l’avenir.
Nos langues officielles devraient être considérées comme un pont qui nous unit, pas un fossé qui nous divise.
Depuis 1961, le nombre de personnes bilingues au Canada n’a jamais cessé de croître3. Le taux de bilinguisme est passé de 12 % à 18 %4.
Cela peut être vu comme un progrès, certains constatent même qu’il s’agit d’un nouveau sommet pour le bilinguisme français-anglais dans l’histoire canadienne. Je le vois pour ma part comme une étape.
Nous devons poursuivre sur cette lancée, notamment en favorisant l’apprentissage du français au pays.
Pourquoi ne pas se donner l’objectif que, d’ici 10 ans, tous les étudiants universitaires du Canada soient bilingues au terme de leur formation?
Le monde va dans cette direction.
Saviez-vous que plus de 50 % des citoyens des États membres de l’Union européenne parlent au moins une autre langue étrangère en plus de leur langue maternelle?5
Le Président Macron, récemment, dans un discours à la Sorbonne, a fixé l’objectif que d’ici 2024, chaque étudiant français parle deux langues européennes.
Cet objectif s’inscrit dans un autre plus vaste encore, pris en 2002 par les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne6 : que chaque Européen parle deux langues en plus de sa langue maternelle7.
Cet objectif européen est d’autant plus intéressant quand on sait que plus de 70 % des citoyens qu’il concerne sont en faveur8.
Il y a un large consensus en Europe, à près de 85 %, à l’effet que tous les Européens devraient être capables de parler au moins une langue étrangère9.
Soyons nous aussi ambitieux!
Aujourd’hui, fixer cet objectif au Canada peut laisser croire à une vision tout en rose.
Pourtant, à bien y regarder, cela est possible, cela est nécessaire.
Le présent siècle sera multinational et multilingue. Le Canada sera-t-il à la traîne des autres, ou devant les autres?
La réponse à cette question nous appartient. Elle appartient aux Canadiens.
Ce que nous faisons ici est conforme à l'esprit de notre Politique sur l'affirmation du Québec et les relations canadiennes :
Ensemble, nous pouvons bâtir le Canada de demain :
Et que c’est notre façon d’être Canadiens!
Merci beaucoup.
1 Le premier accord a été signé le 18 décembre 1969 par les premiers ministres Jean-Jacques Bertrand (QC) et Louis J. Robichaud (NB) Source : Communiqué de presse conjoint diffusé à l’occasion des célébrations soulignant le 30e anniversaire de l’Accord de coopération et d’Échanges entre les deux gouvernements (accessible sur le site du SQRC).
2 Source : Le site web de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
3 En 2016, 5 795 575 personnes bilingues au Canada et en 1961 = 2,2 millions de personnes http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/as-sa/98-200-x/2016009/98-200-x2016009-fra.cfm
4 https://www.statcan.gc.ca/pub/75-006-x/2013001/article/11795-fra.htm#a6. Notons que le taux de bilinguisme est passé de 12,2 % en 1961 à 13,4 % en 1971. Il a continué de croître au cours des trois décennies suivantes pour atteindre 17,7 % en 2001. Toutefois, au cours de cette décennie, le taux de bilinguisme avait légèrement diminué pour une première fois depuis 1961 en s’établissant à 17,5 % en 2011.
5 http://ec.europa.eu/eurostat/news/themes-in-the-spotlight/language-day
Selon Eurostat, en 2014, un peu plus de la moitié des citoyens des États membres de l’Union européenne (54 %) parlent au moins une autre langue étrangère en plus de leur langue maternelle suffisamment bien pour participer à une conversation. Cependant, les statistiques varient énormément d’un pays à l’autre. Les meilleures compétences linguistiques s’observent dans les États membres relativement petits dont les langues nationales sont peu répandues. À l’autre extrémité, des pays comme la France, l’Espagne, Irlande et le Royaume-Uni par exemple, font moins bonne figure. Aussi, au sein de l’Union européenne, l’anglais est la langue étrangère la plus parlée, suivi de l’allemand et du français.
6 http://ec.europa.eu/education/policy/multilingualism_fr
7 https://europa.eu/european-union/topics/multilingualism_fr
8 http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/archives/ebs/ebs_386_en.pdf (p.109)
9 http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/archives/ebs/ebs_386_en.pdf (p.8)