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Le 6 juin 2003 Allocution prononcée à l’occasion de l’ouverture de l'Assemblée générale annuelle de la Société Nationale de l’Acadie

La version prononcée fait foi.

L’allocution prononcée fait foi

Monsieur le Président de la Société Nationale de l’Acadie,
Monsieur le Député fédéral d’Acadie-Bathurst,
Madame la Sénatrice,
Monsieur le maire,
Mesdames les Présidentes et Messieurs les Présidents des associations provinciales acadiennes et des associations membres de la SNA,
Monsieur le Consul de France,
M. le Chef de poste du Bureau du Québec dans les Provinces atlantiques,
Madame la Représentante du gouvernement du Nouveau-Brunswick,
Mesdames et Messieurs,
 

À titre de ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes du Québec, permettez-moi d’abord de vous dire tout le plaisir que j’ai à être parmi vous ce soir, à l’occasion de l’ouverture de cette Assemblée générale annuelle de la Société Nationale de l’Acadie placée sous le thème L’Acadie sans frontières… union et concertation. Je vais profiter de cette tribune qui m’est offerte pour vous faire part brièvement de quelques idées touchant la collaboration entre le Québec et la communauté acadienne, à qui j’ai rendu visite à quelques reprises dans le passé, ce qui me vaut aujourd’hui de la connaître un peu mieux, tout en sachant ne pas la connaître encore assez.

Vous savez que le Québec attache une grande importance aux relations privilégiées qu’il entretient avec l’Acadie de l’Atlantique. Le peuple acadien et le peuple québécois sentent le besoin d’affirmer ce qui les singularise et les anime. Au-delà de ce qui nous différencie, il est une chose que nous partageons et qui nous rapprochera toujours : la langue française.

Tout comme vous, nous aimons profondément cette langue qui est le reflet de notre identité et nous voulons assurer son avenir sur ce continent

Nouvellement élu, le gouvernement du Parti libéral, auquel j’appartiens, veut poursuivre la collaboration déjà établie avec la SNA et ses membres, tout comme, d’ailleurs, avec les autres communautés francophones du Canada, de façon que s’établisse entre tous les francophones au pays une véritable communauté de destins. Ainsi pourrons-nous parler d’une seule voix pour faire avancer notre cause. Cette nouvelle approche va dans le sens de la convergence que souhaitent voir renaître les leaders de la francophonie canadienne, et nous éloigne de la vieille dynamique qui s’articule autour d’une famille linguistique parcellisée.

Plus que jamais, le Québec est déterminé à travailler avec tous ses partenaires de la francophonie canadienne à la promotion du français et à la préservation du statut de cette langue. Le Québec est déterminé à donner des assises fortes au fait francophone au Canada. De fait, l’affirmation du Québec en tant que société majoritairement francophone en Amérique du Nord ne peut qu’être profitable pour les communautés francophones et acadiennes du Canada, car elle donne une plus grande légitimité au fait français.

Le Québec demeurera pleinement solidaire de la francophonie, une francophonie plus unie dans le respect de sa diversité. Cette grande cause favorisera un resserrement des liens entre tous les francophones du Canada, et notamment entre nous, du Québec et de l’Acadie.

Il est clair que le Québec doit déterminer avec les communautés francophones et acadiennes les objectifs à réaliser en commun ainsi que sa contribution propre pour assurer le rayonnement du français, compte tenu des leviers gouvernementaux dont il dispose pour y parvenir. C’est pourquoi, à titre de ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, je vous convie à prendre un virage qui marquera une évolution dans la dynamique de nos échanges, de nos rapports réciproques.

Dans le but de rendre plus efficients les échanges entre les communautés et le Québec, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes du Québec a mis de l’avant, à titre d’expérience pilote, il y a un peu plus d’un an maintenant, un nouveau mode de collaboration intergouvernementale dans le secteur de la santé. Forts de cette expérience qui s’est révélée riche d’enseignements et tout à fait concluante, nous souhaitons étendre la formule à la réalisation de projets communs dans des domaines comme l’éducation, la culture et les communications, l’économie et la santé, le tout au bénéfice du Québec et des communautés francophones et acadiennes.

Il me fait plaisir d’annoncer que, sur le modèle du Forum sectoriel de la santé qui a été tenu en mai 2002, nous tiendrons, au cours de la prochaine année, un Forum sur l’éducation ainsi qu’un Forum sur la culture.

Je vous dirai d’abord quelques mots des démarches que nous avons amorcées en vue de tenir le Forum sur l’éducation. Le ministère de l’Éducation du Québec nous a récemment fait connaître les grandes thématiques sur lesquelles il croit pouvoir échanger des expertises intéressantes avec les communautés francophones et acadiennes, compte tenu des besoins que ces dernières ont exprimés dans leur plan de développement global et des expériences réalisées de part et d’autre. Nous réunirons donc les intervenants en éducation, gouvernementaux et autres, sur des thématiques très ciblées, en lien avec l’expertise de notre ministère de l’Éducation, et également, avec les besoins et expériences de vos communautés dans le secteur de l’éducation.

Nous savons tous que c’est en partie grâce à l’éducation que se forge le sentiment d’appartenance à une communauté linguistique ainsi qu’à la culture qui s’y rattache. Par son réseau d’établissements à très forte majorité francophone, le Québec peut apporter un soutien à la consolidation du statut du français dans les communautés. Une entente à ce sujet entre les ministères de l’Éducation du Québec et du Nouveau-Brunswick, à laquelle s’associe également la Nouvelle-Écosse, permet déjà à des étudiants acadiens de faire une partie de leurs études supérieures en français chez nous, dans des domaines contingentés pour lesquels aucune formation en français n’est offerte dans votre province. Nous n’excluons pas la possibilité d’ouvrir davantage les portes de nos établissements aux Acadiens qui souhaiteraient parfaire leur formation en français. Il pourrait s’agir d’une collaboration plus directe et plus étroite entre établissements du Québec et du Nouveau-Brunswick, de façon à assurer une meilleure complémentarité entre les programmes offerts de part et d’autre. C’est là une avenue que nous pensons pouvoir explorer dans un avenir prochain.

Pour ce qui est de la culture, il serait difficile de ne pas souligner le dynamisme et la richesse des échanges qui associent déjà toute la francophonie canadienne. Je pense ici à Coup de cœur francophone, un réseau de diffusion de la jeune relève, particulièrement en chanson. Basé sur le jumelage d’artistes prometteurs et de vedettes de la scène, il favorise une meilleure connaissance de ce qui se fait de mieux dans toute la famille francophone du Canada et permet de mieux couvrir les marchés potentiels.

Et comment ne pas parler du Réseau indépendant des diffuseurs d’événements artistiques unis, mieux connu par son acronyme : Bourse Rideau. Cet accès privilégié aux marchés des arts de la scène du Québec s’est diversifié au cours des années jusqu’à englober l’ensemble des marchés francophones du Canada. Les uns et les autres, je le pense profondément, y trouvent un avantage certain. Par exemple, la Bourse Rideau et le Réseau atlantique de diffusion des arts de la scène (RADArts) partagent leur expertise, ce qui renforce leur positionnement réciproque. Des liens étroits ont également été établis dans les domaines du théâtre et des arts visuels, mais il reste encore beaucoup à faire.

Tout comme en éducation et en santé, les principaux intervenants du secteur culturel, ainsi que le ministère de la Culture et des Communications du Québec, sont informés de la tenue d’un forum sur la culture et sont déjà à pied d’œuvre. Les démarches en vue de sa réalisation débuteront dès cet automne dans l’Atlantique, lorsque nous participerons au Forum sur le développement culturel de la Fédération culturelle canadienne-française, qui est l’hôte du Conseil provincial des sociétés culturelles du Nouveau-Brunswick. Je me réjouis d’ailleurs vivement que cet événement ait lieu en Acadie.

Comme vous pouvez le constater, il existe plusieurs terrains de collaboration entre les Acadiens et le Québec. À cet égard, notons que des préoccupations nouvelles de la Société des Acadiens et des Acadiennes du Nouveau-Brunswick, telles la ruralité et l’immigration, intéressent également les régions québécoises, ce qui pourrait donner lieu à autant de possibilités d’échanges nourris et multiformes.

J’ai rencontré avec plaisir les coprésidents de la Commission permanente Acadie-Québec cet après-midi, et ils ont été à même de m’informer de la teneur des échanges et des travaux conjoints qui sont en cours. J’ai été impressionné par l’enthousiasme de vos représentants, ainsi que par la qualité et l’ampleur de leur travail.

À n’en pas douter, l’Entente intervenue entre la Société Nationale de l’Acadie et le gouvernement du Québec a permis la création d’un lieu privilégié de concertation dans des domaines jugés prioritaires pour nos deux sociétés. Qu’il s’agisse de la commémoration de l’Odyssée acadienne, de la participation de la SNA aux Fêtes de la Nouvelle-France en vue de promouvoir le Congrès mondial acadien de 2004 ou de la création d’un prix Acadie-Québec, cette entente témoigne de la vitalité et du dynamisme des collaborations entre le Québec et l’Acadie, et elle permet la mise en route et l’exécution d’une diversité de projets. Parmi tous ces projets en voie de réalisation, les Fêtes du 400e anniversaire de l’Acadie en 2004 vont permettre aux Québécois, particulièrement au million d’entre eux qui sont d’ascendance acadienne, de manifester leur solidarité à l’endroit du peuple acadien. De plus, ces célébrations vont nous fournir, de part et d’autre, de belles occasions de nous côtoyer comme jamais auparavant pour rappeler de grands moments historiques, donnant ainsi une nouvelle amplitude à nos échanges, qui vont certainement s’intensifier au moins jusqu’en 2008, année des célébrations du 400e anniversaire de fondation de la ville de Québec et, je l’espère vivement, bien au-delà. J’ai appris par ailleurs que l’Association des Acadiens et Acadiennes de la région de Québec, à laquelle se sont joints une douzaine d’autres regroupements d’Acadiens québécois, avait annoncé officiellement la candidature du Québec pour la tenue du Congrès mondial acadien en 2008, aux côtés de celle d’autres contrées acadiennes de souche ou d’adoption, et dont les noms vont nous être dévoilés sous peu. Je puis vous dire que j’appuie sans réserve cette initiative québécoise et que nous la soutiendrons avec joie en temps opportun, si la SNA répond favorablement à la demande qui sera déposée par les Acadiens du Québec en septembre prochain.

On m’a également informé qu’à l’occasion de la tenue du prochain Congrès mondial acadien en 2004, la SNA prévoit organiser un grand Rassemblement de la jeunesse, auquel participera une délégation de jeunes Québécois. Voilà, à mon sens, un projet qui aura des retombées importantes pour la communauté acadienne, précisément parce qu’il associera des jeunes, qui sont la clé de l’avenir, à la célébration du fait français. Afin de soutenir cette activité porteuse, le SAIC étudiera différents moyens d’en faciliter la réalisation. Par ailleurs, le Parlement jeunesse, qui est l’un des volets prévus de ce grand Rassemblement, pourrait profiter de l’expertise du Québec en la matière. Je suis tout à fait favorable à ce que nous en coordonnions la planification et la réalisation, de concert avec la SNA et la Fédération de la jeunesse canadienne-française.

Je ne saurais trop vous dire l’importance qu’accorde le Québec au maintien de ses relations de première ligne avec le peuple acadien. C’est pourquoi, il me fait plaisir d’annoncer qu’il y aura continuité dans la représentation du Québec à Moncton. Un nouveau chef de poste sera nommé en remplacement de M. Jean-Claude Couture qui, comme vous le savez sans doute, quittera ses fonctions le 1er juillet prochain pour une retraite bien méritée. Le successeur aura comme mandat de poursuivre le travail entrepris par le Bureau du Québec dans les Provinces atlantiques, et cela, dans le prolongement des efforts déployés par M. Couture pour tisser des liens entre nous qui vont bien au-delà de l’amitié.

Nous, du Québec, comprenons très bien l’affirmation acadienne; nous reconnaissons pleinement l’existence du peuple acadien et nous nous sentons solidaires du sentiment d’appartenance qui l’anime. D’ailleurs, le Québec a ouvertement manifesté cette solidarité avec l’Acadie, à plusieurs occasions.

Je demeure convaincu qu’une collaboration encore plus soutenue, mieux ciblée et plus systématique entre le Québec, vos communautés et vos gouvernements provinciaux respectifs contribuera, de manière déterminante, à la réalisation de l’objectif ultime que nous poursuivons tous, soit celui d’assurer, de concert, le rayonnement d’une francophonie sans frontières, diversifiée mais unie comme jamais dans l’action.

La cause pour laquelle vous luttez depuis toujours est également la mienne, comme elle est celle de tous les Québécois. Vos succès rejaillissent sur nous. Nous sommes unis par l’histoire, comme par l’avenir.

Je vous remercie.