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Le 21 juin 2003 Allocution à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada

La version prononcée fait foi.

L’allocution prononcée fait foi

Monsieur le Président de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA),
Mesdames les Présidentes et Messieurs les Présidents des associations membres de la FCFA,
Monsieur le député Mauril Bélanger,
Mesdames et Messieurs les représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux,
Mesdames et Messieurs,

À titre de nouveau ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et aux Affaires autochtones du Québec, permettez-moi de vous dire à quel point j’avais hâte d’être parmi vous et à quel point il me fait plaisir de vous entretenir cet après midi sur nos projets d’avenir. Ce n’est pas ma première visite chez vous ! Nous nous fréquentons d’ailleurs depuis plusieurs années et comme vous le savez, le développement d’une francophonie vivante et dynamique au Canada me tient particulièrement à cœur.

Je tiens d’abord à saluer les délégués des trois associations sectorielles qui ont été admises en tant que membres de la FCFA. En plus de témoigner de la vitalité de votre organisme, je suis persuadé que l’adhésion à la Fédération de l’Alliance des radios communautaires du Canada, de la Commission nationale des parents francophones et de la Société Santé en français permettra à l’ensemble des communautés francophones et acadienne du Canada de parler d’une voix encore plus forte.

Je vais profiter de cette tribune que vous m’avez offerte pour vous faire part brièvement des principes qui animent le nouveau gouvernement du Québec et de quelques idées touchant la collaboration entre le Québec et la francophonie canadienne. Mais je veux surtout profiter de cette opportunité pour vous convier à la mise en œuvre d’une nouvelle solidarité du Québec avec l’ensemble des francophones du Canada, une solidarité axée sur la collaboration, basée sur l’égalité des partenaires et davantage ancrée dans l’action.

Vous savez que le Québec attache une grande importance aux relations qu’il entretient avec les francophones et les Acadiens qui vivent partout au Canada. Au cours des dernières décennies, tant le peuple québécois que le peuple acadien et les communautés francophones de l’Ontario, de l’Ouest et du Nord canadien ont senti le besoin d’affirmer et de manifester ce qui les singularise et les anime. Pourtant, et sans que nos processus d’affirmation respectifs aient été dirigés contre les uns ou contre les autres, ils ont, à certaines occasions, suscité des malentendus de part et d’autre.

Pendant longtemps, chacun de notre côté, nous avons mis l’accent sur ce qui nous singularise. Ce faisant, certaines circonstances, certaines orientations des Québécoises et des Québécois nous ont amené à laisser de côté ce qui nous unit. Toutefois, au-delà des distances qui peuvent parfois nous séparer, des circonstances politiques qui peuvent parfois nous distancier, en bref, de tout ce qui peut sembler nous différencier, il est une chose que nous avons toujours partagée et qui nous rapprochera toujours : la langue française. Le français est indéniablement le véhicule d’affirmation de nos cultures et l’instrument privilégié de partage et de rapprochement entre nos communautés, tant dans le contexte canadien que dans celui de notre ouverture à l’Amérique et au monde.

Tout comme vous, nous aimons profondément cette langue qui est le reflet de notre identité et nous voulons assurer son avenir sur ce continent.

Nous sommes tous engagés depuis longtemps dans le développement et l’épanouissement de la langue française. Notre détermination commune à vivre en français et à transmettre ce patrimoine à nos enfants favorise un rapprochement de plus en plus évident entre la réalité québécoise et celle des communautés francophones et acadienne.

En ce sens, l’expression du caractère francophone des uns et des autres ne représente pas uniquement un rappel du passé, mais la reconnaissance d’une présence tenace et inspirée ainsi que le véhicule de la projection de nos sociétés dans l’avenir.

Il est une autre chose que nous partageons tous et qui invariablement guidera la portée de nos actions communes: nous sommes résolument convaincus que le système fédératif canadien est celui par lequel nous, francophones de tous les coins du pays, allons mieux assurer le développement et l’épanouissement de nos communautés respectives. À cet égard, l’affirmation québécoise au sein de la fédération canadienne est profitable pour les communautés francophones et acadienne en ce qu’elle donne une plus grande légitimité au fait français. En contrepartie, l’épanouissement des communautés francophones et acadienne dans ce même contexte assure au Québec un avenir plus dynamique et ajoute richesse, vitalité et diversité à la francophonie nord-américaine. Cette nouvelle toile de fond sera déterminante dans la nature et l’étendue de nos relations mutuelles et assurera une plus grande cohérence dans nos gestes d’affirmation de façon que s’établisse entre tous les francophones au pays une véritable communauté d’intérêts et de destins.

Nouvellement élu, le gouvernement du Québec veut non seulement poursuivre mais surtout dynamiser et enraciner la collaboration déjà établie avec les organismes de la société civile des communautés francophones et acadienne du Canada. Dans son discours inaugural le 4 juin dernier, le premier ministre du Québec, M. Jean Charest, a affirmé clairement le positionnement et la responsabilité du Québec face à ces communautés. Ainsi, le Québec se joignant à vous, nous pourrons parler d’une seule voix pour faire avancer notre cause. Ce rapprochement va dans le sens de la convergence que souhaitent voir renaître les leaders de la francophonie canadienne et nous éloigne de la vieille dynamique qui s’articule autour d’une famille linguistique parcellisée et divisée. Comme l’a affirmé à maintes reprises M. Georges Arès, le rétablissement de liens féconds entre le Québec et les francophones de tout le Canada demandera des efforts importants de part et d’autre.

Plus que jamais, le Québec est déterminé à travailler avec tous ses partenaires de la francophonie canadienne à la promotion du français. Le Québec est déterminé à contribuer avec vous à renforcer les assises du fait français au Canada. Cette responsabilité qui découle de sa situation particulière en Amérique, le Québec l’assume toute entière. Je suis persuadé que l’affirmation du Québec en tant que société majoritairement francophone en Amérique du Nord est profitable pour les communautés francophones et acadienne du Canada.

Le Québec entend demeurer pleinement solidaire d’une francophonie plus unie dans le respect de sa diversité. Il nous faudra aller ensemble au-delà des discours. Seuls des projets concrets, des collaborations réelles, des stratégies communes permettront le resserrement des liens et l’expression de cette solidarité dans notre réalité quotidienne.

Le Québec doit déterminer avec les communautés francophones et acadienne les objectifs prioritaires à réaliser en commun de même que sa contribution propre pour assurer le rayonnement du français, compte tenu des leviers gouvernementaux dont il dispose pour y parvenir. C’est pourquoi, à titre de ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, je vous convie à ce que nous prenions un nouvel élan qui marquera une évolution dans la dynamique de nos échanges et de nos rapports réciproques.

La démarche que le gouvernement du Parti libéral du Québec vous propose d’amorcer s’appuie sur le partage des préoccupations et des efforts, la prise en compte des caractéristiques et des besoins de chaque communauté francophone et acadienne, et la mise en place d’une concertation active en ce qui a trait aux priorités d’actions dont nous aurons convenu.

Bien qu’unies par une langue et une vision communes, les communautés francophones et acadienne vivent dans des contextes différents, notamment sur les plans politique, économique, démographique, juridique, social et culturel. Certaines sont concentrées dans une région donnée tandis que d’autres sont disséminées sur l’ensemble du territoire d’une province. Certaines sont présentes dans leur province depuis près de 400 ans tandis que d’autres sont d’implantation beaucoup plus récente. Certaines sont composées d’individus provenant des quatre coins du Canada et des cinq continents tandis que d’autres, pour l’instant, sont plus homogènes.

Cette diversité des contextes et des situations fait en sorte que les besoins et les priorités des francophones et des Acadiens peuvent varier d’une province à l’autre. Le gouvernement du Québec en prendra acte dans ses interventions auprès de la francophonie canadienne dans les années à venir et ce, en étroite concertation avec les communautés.

Enfin, le gouvernement du Québec entend appuyer encore plus la collaboration avec les provinces et les territoires au profit de la francophonie canadienne dans un cadre multilatéral.

Nous pensons, qu’une meilleure collaboration entre les gouvernements des provinces et territoires permettra d’envisager dans l’avenir des interventions mieux ciblées, de concevoir et de réaliser des projets de plus grande envergure qui auront des impacts plus durables sur le développement et la pérennité de la francophonie au Canada.

Vous conviendrez avec moi que pour être pleinement efficaces, ces nouveaux modes de collaboration doivent découler d’une vision cohérente de la francophonie canadienne et du rôle que chacune de ses composantes peut y jouer. Sans vouloir épiloguer longtemps sur les programmes et manières de faire du gouvernement du Québec auprès des communautés francophones et acadienne au cours des dernières années, force nous est de constater que celles-ci n’ont pas atteint leur plein potentiel, faute notamment d’une vision du fait français au Canada qui soit satisfaisante tant pour le Québec que pour les communautés francophones et acadienne.

La nouvelle collaboration entre le Québec et les communautés francophones et acadienne devrait s’exercer au sein d’un forum d’échanges et de délibération qui permettrait à terme aux francophones de tout le continent de mieux se connaître et de concrétiser leur solidarité francophone dans l’action. C’est dans cette perspective que lors du discours inaugural, le premier ministre du Québec a annoncé que le gouvernement du Québec établira un Centre de la Francophonie dans les Amériques.

Il m’apparaît clairement que le champ d’action d’une telle institution peut être vaste et ses attributions multiples. Cependant, la solidarité entre nous serait vide de sens si l’ensemble des communautés visées par le Centre de la Francophonie dans les Amériques n’étaient pas invitées à collaborer à sa conception et à sa mise en place. Ce projet doit être l’objet d’une volonté commune. Je compte entreprendre prochainement des discussions avec la FCFA et les représentants des communautés francophones et acadienne pour définir ensemble quels seront les rôle, mandat, moyens et champs d’action qui pourraient être confiés aux responsables d’un tel centre.

Outre l’élaboration d’une vision commune de la francophonie et la création d’un Centre de la Francophonie dans les Amériques qui sera la vitrine du fait français sur notre continent, le succès de la nouvelle approche dépend également de la qualité des relations entre le gouvernement du Québec et les instances de la francophonie canadienne. Je pense notamment aux rapports que nous entretenons avec l’organisme porte-parole des communautés francophones et acadienne vivant en situation minoritaire, la FCFA.

Avant même l’adoption de la Politique du Québec à l’égard des communautés francophones et acadienne du Canada en 1995, la FCFA était déjà un interlocuteur privilégié du Québec en matière de francophonie canadienne. Dès 1988, le gouvernement du Québec accordait à ce que l’on appelait encore à l’époque la Fédération des francophones hors Québec un soutien financier pour l’ouverture d’un bureau de représentation et de relations publiques au Québec, soutien qui a été répété à chaque année depuis cette date. De même, elle est un partenaire majeur du Secrétariat des Affaires intergouvernementales canadiennes dans la mise en œuvre de la Politique depuis son adoption, il y a huit ans.

Je suis donc heureux de vous annoncer que j’ai reçu favorablement deux demandes d’aide financière de la FCFA dans le cadre de nos programmes pour l’année 2003-2004. La première vise la diffusion au Québec des profils des communautés francophones et acadienne du Canada que la FCFA a mis à jour à la suite du Recensement de 2001. Dans une même perspective, j’ai demandé au Secrétariat des Affaires intergouvernementales canadiennes de voir à la production d’un outil similaire portant sur le fait français au Québec. Je souhaite que cet outil complémentaire aux profils des communautés fasse l’objet d’une large diffusion dans les établissements d’enseignement du Québec et des communautés. Le deuxième projet de la FCFA, réalisé en partenariat avec la Fondation de l’entrepreneurship, prévoit la création d’une nouvelle version du Signet entrepreneurial, un outil de référence Internet en matière d’entrepreneurship, qui sera adaptée aux réalités des communautés francophones et acadienne.

De par sa situation, le Québec devrait être perçu comme l’allié objectif de tous ceux et celles qui veulent vivre et prospérer en français sur ce continent. Je suis convaincu que si l’appui du Québec aux communautés va de soi et que son expression se doit d’être revue, il ne saurait prendre la même forme de soutien des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. La FCFA doit prendre en compte ces faits dans ses relations avec le Québec.

Tout en prenant acte de nos caractéristiques et de nos prérogatives respectives, n’y aurait-il pas lieu que le gouvernement du Québec et la FCFA poussent leur coopération un peu plus loin et concluent une entente de nature administrative qui permettrait de nous appuyer sur nos affinités linguistiques et culturelles, d’améliorer notre convergence et de déborder sur des actions plus porteuses et plus structurantes au sein de la francophonie?

L’intérêt principal d’une telle entente serait de favoriser la collaboration dans des domaines d’intérêt commun. Je pense aux secteurs de la petite enfance et de la santé, où la FCFA, de concert avec les associations des provinces et territoires, a multiplié les bons coups au cours des dernières années. Je veux féliciter la Fédération pour ces gains importants, particulièrement en matière de prestation des services de santé et des services sociaux en français. Elle n’est pas étrangère non plus à la mise en place du Plan d’action pour les langues officielles, qui, au dire de plusieurs, représente un réinvestissement non négligeable de la part des autorités fédérales dans le développement des communautés francophones et acadienne.

Des préoccupations nouvelles de la Fédération et de ses associations membres, telles que le développement économique, la ruralité et l’immigration, intéressent également les régions québécoises, ce qui pourrait donner lieu à autant de possibilités d’échanges nourris et multiformes. Le gouvernement du Québec a intérêt à encourager ce dialogue. En ce sens, vous me permettrez de voir celui-ci comme un acteur privilégié qui permettra aux communautés francophones et acadienne de bénéficier de l’expertise développée dans ces domaines. Réciproquement, les communautés francophones et acadienne ont développé une expertise dans certains domaines de pointe. Le Québec aurait intérêt à profiter de ces expertises dans une perspective d’échanges. Systématisant les activités conjointes, une entente administrative entre la FCFA et le gouvernement québécois permettrait à chacun de définir les objectifs poursuivis et de bénéficier des expertises développées de part et d’autre.

Je demeure convaincu qu’une collaboration encore plus soutenue, mieux ciblée et plus systématique entre le Québec, les communautés, sa fédération et vos gouvernements provinciaux respectifs contribuera, de manière déterminante, à la réalisation de l’objectif ultime que nous poursuivons tous, soit celui d’assurer de concert, le rayonnement d’une francophonie diversifiée et convergeant comme jamais dans l’action.

Cette convergence dans l’action que je désire entamer dès aujourd’hui, me permet d’annoncer avec fierté:

  1. que le Québec entend désormais siéger à part entière à la réunion provinciale et territoriale de la Conférence ministérielle sur les affaires francophones et y jouer un rôle plus proactif dans le respect des responsabilités, compétences et priorités de chacun des gouvernements;
  2. que le Québec entend participer à la redéfinition des liens entre les francophones de tout le Canada, sur le fondement d’une francophonie unifiée quoique diversifiée;
  3. que le Québec invite, interpelle et encourage les représentants des communautés francophones et acadienne du Canada, et la FCFA au premier chef, à me faire part de leur façon de voir la francophonie au Canada, d’entrevoir son évolution ainsi que l’apport que pourrait y avoir le Québec;
  4. que le Québec, en étroite collaboration avec tous ses partenaires de la francophonie canadienne, entend établir un inventaire exhaustif des dossiers prioritaires des communautés francophones vivant en situation minoritaire;
  5. que le Québec tiendra au cours de la prochaine année, un Forum sur l’éducation ainsi qu’un Forum sur la culture, à l’image du Forum sur la santé qui a eu lieu le 27 mai 2002.
  6. Et mque le Québec entend revoir en profondeur la Politique du Québec à l’égard des communautés francophones et acadiennes du Canada de 1995. <

Nous partageons une cause commune.
Nous sommes unis par l’histoire.
Vos succès rejaillissent sur l’ensemble des Québécois et Québécoises.
C’est ensemble qu’il nous faut envisager l’avenir.

Je vous remercie.