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Québec, le 2 novembre 2003 Allocution de M. Benoît Pelletier à l’occasion de la clôture du Forum sur l’éducation

La version prononcée fait foi.

(La version prononcée fait foi)

Monsieur le Secrétaire général associé par intérim,
Mesdames et Messieurs les responsables gouvernementaux des affaires francophones des provinces et territoires,
Mesdames et Messieurs les représentants des communautés francophones et acadiennes du Canada,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations pancanadiennes en éducation,
Mesdames et Messieurs les intervenants du domaine de l’éducation du Québec et des communautés,

J’aimerais tout d’abord souligner le travail exceptionnel d’animation de Mme Françoise Guénette. Merci.

Permettez-moi d’abord de vous dire tout le plaisir que j’ai à être parmi vous aujourd’hui. Depuis que j’ai été nommé ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux représentants des associations et regroupements francophones du Canada et de discuter avec eux du nouvel élan que notre gouvernement entend donner à la Politique du Québec à l’égard des communautés francophones et acadiennes. Depuis vendredi, c’est avec dynamisme et générosité que les nombreux participants à ce Forum ont fait part de leurs observations et de solutions souvent innovatrices pour répondre aux besoins fort diversifiés qui ont été exprimés au cours de ces assises. Je m’en réjouis grandement et je constate une fois de plus qu’en bout de ligne, que l’on soit du Québec ou d’ailleurs au Canada, nous tendons tous vers un but ultime en tant que francophones, soit celui d’assurer, chacun dans notre milieu, chacun dans notre sphère d’activité et à la mesure de nos moyens, par toutes sortes d’actions et d’initiatives personnelles ou collectives, la promotion et le développement d’une francophonie vivante et dynamique. Je suis donc tout à fait ravi de vous entretenir de mes préoccupations en ce qui a trait à cette cause à laquelle je suis moi-même très attaché, et qui nous a réunis à Québec ces deux derniers jours.

Une cause commune : le français

Le français est indéniablement le véhicule d’affirmation de notre identité, l’instrument de partage et de rapprochement entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes. À cet égard, il faut se rappeler que l’affirmation de notre identité francophone n’est pas qu’un simple rappel du passé, bien qu’elle témoigne éloquemment d’une histoire; elle témoigne également, comme jamais, d’une présence au Canada qui se veut très actuelle, tenace et inspirée, en plus d’être le véhicule grâce auquel nos sociétés ont choisi de se projeter dans l’avenir. C’est pourquoi nous devons nourrir les liens qui nous unissent, ces liens qui découlent d’une volonté commune d’affirmer au présent la vitalité du fait français sur ce continent et de définir ensemble une vision pour le futur, tout en tenant compte de ce qui nous singularise.

Une nouvelle solidarité ancrée dans l’action

Il me semble que cette volonté commune doit se matérialiser d’une façon plus consensuelle et plus large que par le passé. C’est d’ailleurs dans cette perspective que le gouvernement du Québec entend appuyer davantage la collaboration avec les provinces et les territoires au bénéfice de la francophonie canadienne. Nous pensons en effet qu’un meilleur arrimage entre les gouvernements à ce chapitre permettrait d’envisager dans l’avenir des interventions mieux ciblées, ainsi que de concevoir et de réaliser des projets de plus grande envergure ayant des impacts plus durables sur le développement et la pérennité de la francophonie canadienne. Par ailleurs, en tant que seule province à majorité francophone de ce pays, le Québec porte la responsabilité de faire jouer tous les outils gouvernementaux dont il dispose pour inciter les gouvernements des autres provinces et territoires à s’impliquer dans le sens d’une collaboration fructueuse en faveur des communautés francophones et acadiennes du Canada. Mais, outre le pragmatisme qui doit inspirer notre action concertée, l’arrimage que nous souhaitons voir naître entre le Québec et les autres gouvernements doit témoigner, de par sa nature même, de la détermination du Québec à respecter les responsabilités et les priorités des gouvernements provinciaux et territoriaux.

Ainsi, aux accords de coopération interprovinciale déjà conclus entre le Québec et la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, le Manitoba et la Saskatchewan, il s’en ajoutera d’autres qui nous permettront d’étendre nos liens de coopération, notamment dans le secteur de l’éducation.

Le Forum sur l’éducation

C’est dans ce contexte très précis que nous avons voulu tenir ces assises en fin de semaine. Ainsi, le Forum sur l’éducation constitue un geste concret de notre gouvernement en faveur d’un engagement renouvelé envers la francophonie canadienne. Mais je sais très bien qu’il nous faut aller au-delà des discours pour donner à la vision qui nous anime un cadre débouchant sur l’action. C’est en effet dans des projets clairement balisés, des collaborations bien réelles, des stratégies communes d’intervention, ainsi que dans le partage d’expertises que nous verrons nos liens se resserrer et une nouvelle solidarité émerger.

Je souhaite que ce Forum soit la première étape d’un virage important, qu’il marque une évolution dans la dynamique de nos rapports réciproques. C’est en tout cas dans cette perspective que nous l’avons tenu.

En effet, mon collègue, M. Pierre Reid, et moi-même voulions donner un nouvel élan à nos échanges dans le secteur précis de l’éducation, dynamiser la collaboration déjà établie avec les organismes de la société civile des diverses communautés francophones et acadiennes, faire le point sur les priorités de ces dernières et, de concert avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, établir, sur la base des besoins exprimés ou ciblés, une coopération nouvelle porteuse de résultats concrets de part et d’autre.

Dans le même esprit, je vous annonce que nous tiendrons, à la fin de 2004 ou au début de 2005, un forum semblable qui portera sur la culture, après avoir pris en compte les enseignements de celui qui s’est déroulé en fin de semaine.

Diversité des contextes et nécessaire cohésion du Québec et des communautés

Nous savons que la francophonie canadienne est multiple. La diversité des situations fait en sorte que les priorités et les besoins varient beaucoup d’une province à l’autre. Bien qu’unies par une langue commune, les interventions des communautés francophones et acadiennes et de leurs gouvernements en faveur du fait français s’inscrivent dans des contextes fort différents aux plans politique, économique, démographique, juridique, social et culturel. Face à cette réalité, je puis vous assurer que le Québec a l’intention de respecter ces différences, de tenir compte de ces caractéristiques spécifiques et de particulariser ses interventions autant qu’il sera possible de le faire, de manière à s'ajuster aux besoins des uns et des autres.

De plus, bien qu’il soit le partenaire le plus influent des francophones en Amérique, le Québec n’est pas l’unique dépositaire de cette richesse, et il le sait. C’est pourquoi il reconnaît que la promotion et la défense du français doivent se faire non seulement à l’intérieur de ses frontières, mais également à l’échelle nationale. Ce constat commande cependant que soit mise en avant une dynamique de concertation et que s’effectue un échange continu d’information, et cela, dans les deux sens, car si l’affirmation québécoise au sein du Canada est à bien des égards un atout pour les communautés francophones et acadiennes au sens où elle confère au fait français en Amérique une plus grande légitimité, en contrepartie, l’affirmation d’une francophonie forte sur tout le territoire, d’est en ouest, favorise le rayonnement de la francophonie, objectif fondamental pour le Québec.

Ce que veulent les communautés

Les communautés francophones et acadiennes elles-mêmes souhaitent que le Québec reconnaisse ces différences qui les caractérisent. Elles souhaitent également explorer avec celui-ci de nouvelles pistes de collaboration, accroître les échanges, établir des partenariats solides qui auront des effets durables sur leur développement en tant que groupes francophones. Elles veulent également pouvoir communiquer plus directement et plus efficacement avec la société civile québécoise, avec les diverses associations, les établissements d’enseignement, les médias, et elles souhaitent aussi que les Québécois soient mieux informés de leur réalité.

Interdépendance entre le Québec et les communautés

Tout cela passe nécessairement par un rapprochement entre le Québec et les communautés. Nous devons faire en sorte que cette évidence soit prise en compte dans chacune de nos interventions et devienne, en quelque sorte, la pierre angulaire de notre politique à l’égard de la francophonie canadienne, laquelle politique reconnaîtra pleinement que l’avancement de notre cause commune passe obligatoirement par un partenariat concret établi sur la base d’intérêts et de bénéfices partagés.

C’est pourquoi nous pensons que des ententes et des projets dans lesquels seraient engagés le gouvernement du Québec, les autres gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que les communautés francophones et acadiennes elles-mêmes pourraient nous conduire beaucoup plus loin sur la voie de la réussite. Cette formule de partenariat que je vous propose, permettrait de mieux concilier les intérêts en présence, de déterminer au plus juste les enjeux et les défis communs et, enfin, de conjuguer les efforts pour obtenir des résultats plus probants au profit de tous.

L’éducation est le levier par excellence pour la transmission de la langue, de la culture, de l’identité et des valeurs. Voilà pourquoi ce forum présente pour moi un intérêt tout particulier. Nous devrons tous ensemble venir à bout du scepticisme qui caractérise parfois nos relations réciproques et donner des suites concrètes au présent forum, notamment en nous dotant d’une vision pancanadienne de l’éducation en français, en échangeant sur les expériences des uns et des autres dans une perspective de rétroaction, et en misant sur un continuum d’éducation en français, dès la petite enfance, dans un nombre maximal de provinces.

En conclusion

Le Québec est un membre à part entière de la francophonie canadienne et en partage donc les idéaux. Il forme, avec les communautés francophones et acadiennes, une grande famille de langue française en Amérique. Nous allons donc nous rapprocher davantage que par le passé; nous allons définir des positions communes et des pistes d’intervention qui nous mèneront plus sûrement à notre objectif ultime, soit celui d’assurer, tous ensemble, le rayonnement d’une francophonie diversifiée; nous allons nous organiser et nous redéployer de façon à faire tomber les barrières qui nous ont éloignés les uns des autres, nous allons nous fixer comme objectif de parler le plus souvent possible, d’une seule et même voix en faveur du français, de sa vitalité et de son rayonnement, car il est notre bien le plus cher et notre héritage le plus précieux.

Je vous remercie.