La version prononcée fait foi.
Allocution du ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et aux Affaires autochtones, monsieur Benoît Pelletier, à l’occasion de l’ouverture du Forum de la francophonie,
La version lue fait foi
Mesdames et Messieurs,
À titre de ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et aux Affaires autochtones, j’ai le plaisir et l’honneur de vous accueillir ce soir et de procéder avec vous à l’ouverture officielle du Forum de la francophonie.
D’entrée de jeu, je tiens à vous dire que je suis très heureux que nous soyons tous réunis pour discuter franchement de l’avenir de la francophonie au Canada. Votre présence, votre réponse à l’invitation du Québec démontre à quel point l’affirmation d’une francophonie active et visible à l’échelle du Canada et du continent vous intéresse et vous préoccupe. Depuis un an, j’ai maintes fois répété, et je tiens à le refaire ici ce soir, que le Québec, à titre de partenaire égal, mais conscient de sa situation particulière, veut désormais faire partie intégrante de la francophonie canadienne. Il contribuera plus que jamais à l’émergence d’une francophonie plus forte et plus unifiée, et ce, dans le respect de sa riche diversité. Nous sommes déterminés à renforcer les assises du fait français au Canada et au-delà.
Je suis donc ravi de constater que non seulement les communautés ont répondu à l’appel avec plus d’une centaine de participants, mais que les Québécois, tant de la société civile que des organismes gouvernementaux interpellés par la Politique du Québec à l’égard des communautés francophones et acadiennes du Canada, sont tout aussi nombreux au rendez-vous.
Le Québec jouit, de par son rayonnement, d’une position enviable dans la francophonie internationale. Si, pour certains, cela semble une position des plus privilégiées, elle n’en constitue pas moins une position de peuple minoritaire au Canada et dans les Amériques. Il s’agit d’ailleurs là d’un point commun, c’est-à-dire d’une situation que partage le Québec avec les communautés francophones et acadiennes du Canada : nous sommes tous minoritaires au Canada et dans les Amériques. Cette réalité fait en sorte que le Québec se reconnaît un rôle particulier qui déborde son territoire et qui touche les francophones et les Acadiens de toutes les régions du Canada et d’ailleurs sur ce continent. Le gouvernement du Québec est déterminé à collaborer au renforcement des liens avec les communautés francophones et acadiennes, et à catalyser les efforts de promotion et d’affirmation du fait français en Amérique du Nord. En somme, le peuple québécois s’inscrit à vos côtés avec fierté et ouverture, afin que nous parvenions tous ensemble à renouveler, sur des fondements encore plus solides, la francophonie canadienne.
À maintes reprises, j’ai livré ce message avec conviction en indiquant que le temps était venu de réfléchir ensemble sur l’état de nos relations, de revoir la Politique et ses mécanismes de mise en œuvre, et de déterminer comment pourrait se traduire l’intention du gouvernement du Québec d’instituer un Centre de la francophonie dans les Amériques.
J’ai aussi indiqué qu’il y avait lieu d’accroître la collaboration et de multiplier les échanges entre le Québec et les gouvernements des autres provinces et des territoires au bénéfice des communautés francophones et acadiennes. Cette coopération interprovinciale accrue nous permettrait d’envisager dans les années à venir des interventions mieux ciblées et plus efficaces, et de concevoir des projets aux retombées plus importantes et plus structurantes.
Depuis avril 2003, le gouvernement du Québec s’est attelé à la tâche et a proposé des approches souvent inédites en vue d’atteindre ces objectifs. Au chapitre de la concertation avec les communautés, des activités nouvelles ont été entamées ou menées à terme.
Ainsi, dans le domaine de la santé, le gouvernement du Québec, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) et la société Santé en français ont convenu d’une entente qui prévoit l’octroi d’un appui technique permettant aux communautés de définir leurs besoins en matière de services de santé et de services sociaux en français, en collaboration avec leurs gouvernements respectifs. Cet appui se traduira notamment par le prêt d’un expert du réseau de la santé du Québec pour une durée de trois ans.
En matière d’éducation, le gouvernement du Québec a organisé en novembre 2003, un forum sectoriel réunissant divers intervenants du Québec et des communautés, ainsi que des représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux. On y a dégagé des axes de collaboration respectant à la fois nos priorités communes et les compétences des gouvernements concernés. Ces axes s’inscrivent à l’intérieur de champs d’action porteurs pour l’épanouissement de l’enseignement en français au Canada.
À la clôture du Forum sur l’éducation, vous m’avez indiqué que le plus important, c’était notre capacité d’assurer rapidement le suivi de nos engagements. Je suis fier ce soir de vous annoncer que les retombées tant attendues ont déjà commencé à se matérialiser. Par exemple, dans le domaine de l’encadrement préscolaire, le Québec participe à l’élaboration d’un modèle de centre de la petite enfance qui s’appliquerait à l’échelle canadienne. De plus, la formation continue en administration scolaire fera l’objet d’échanges entre le Regroupement des conseils scolaires et les commissions scolaires du Québec afin que se développe une meilleure concertation dans ce domaine au Canada.
Je peux vous assurer que cette approche, axée sur une plus grande convergence de tous les intervenants d’un secteur donné, sera dorénavant favorisée, car elle nous offre l’occasion de susciter ensemble des projets de partenariat entre le Québec et les communautés.
Du reste, comme je l’ai annoncé en juin 2003, le gouvernement du Québec siège dorénavant à part entière à la Conférence ministérielle des affaires francophones. À cet égard, notre gouvernement a manifesté sa volonté de jouer un rôle plus actif que par le passé, n’hésitant pas à confirmer aux gouvernements des provinces et des territoires qu’il est prêt à intensifier les échanges et les transferts d’expertise dans les champs d’activité qui l’intéressent et qui sont jugés prioritaires au développement de vos communautés. Notre gouvernement en a aussi profité pour interpeller vigoureusement le gouvernement fédéral afin qu’il œuvre pleinement à la promotion de la langue française au Canada.
De plus, le gouvernement du Québec, déjà lié par des accords de coopération avec six provinces, a entrepris d’accroître ses relations bilatérales avec elles et d’en établir de nouvelles avec d’autres. C’est avec grand plaisir que j’annonce qu’il y a à peine une semaine, nous avons posé les bases du raffermissement de nos relations avec notre voisin, l’Ontario, sur plusieurs sujets d’intérêt commun, dont celui des affaires francophones. Dans ce domaine, nous avons effectivement convenu de bâtir sur la coopération actuelle et de concentrer nos efforts dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des services sociaux et de la culture. Nous espérons, dans les prochains mois, poursuivre sur cette lancée et conclure notamment de nouvelles ententes de collaboration avec Terre-Neuve-et-Labrador, l’Alberta ainsi que le Yukon, et renouveler — en l’élargissant — l’entente qui existe déjà avec le Nouveau-Brunswick.
Mais revenons plus précisément à ce qui nous réunit cette fin de semaine. En septembre dernier, j’invitais les représentants des principales associations des communautés francophones et acadiennes du Canada à me faire part de leur façon de voir la francophonie et l’apport du Québec à son évolution.
Vos commentaires ont été soigneusement analysés. Nous en avons tiré seize constats regroupés en trois grands thèmes qui feront l’objet d’échanges approfondis, en plénière et en ateliers, au cours des prochains jours.
Sur chacun de ces constats, nous vous avons invités à réfléchir, au cours du mois d’avril, à diverses pistes de discussion susceptibles de faire l’objet de nos travaux de cette fin de semaine; nous avons fait le même exercice de notre côté. Le Guide du participant que vous avez reçu à votre arrivée contient les pistes de discussion que nous ont inspirées ces constats. Demain, vous serez appelés à ajouter à ces pistes afin que nos discussions reposent sur des préoccupations partagées et permettent de dégager, autant que possible, une vision commune de la francophonie canadienne qui nous mobilisera et nous amènera à mieux définir de quelle façon la Politique, le Centre et les actions que vous prévoyez mener au cours des prochaines années pourront appuyer notre solidarité renouvelée.
Dimanche midi, lorsque nous aurons mis fin à nos travaux, il serait souhaitable que, de part et d’autre, nous soyons en mesure de dégager cette vue d’ensemble de la francophonie canadienne et de déterminer les enjeux et les défis qui nous interpellent. Ces défis et enjeux, nous les ferons nôtres en posant les vraies questions et en y répondant.
Nous sommes tous préoccupés, à juste titre, par la pérennité du fait français au quotidien, dans nos villes, dans nos régions, dans nos communautés.
Mais nous, francophones d’Amérique, avons aussi le devoir de contribuer au rayonnement du français dans le monde et à la diversité culturelle. Dans l’environnement international actuel, marqué par la présence de plus en plus manifeste de la langue anglaise et de la culture américaine, nous avons le devoir de mettre toutes nos énergies à contribution pour relever le défi que nous lance la francophonie internationale.
Permettez-moi de réitérer le souhait que ce forum soit l’occasion de donner à notre francophonie un nouvel élan dans l’action. Ce forum donnera la parole à chacun des participants des communautés et du Québec, et je peux vous assurer que je serai à l’écoute. Je compte sur votre participation active, vos idées et votre ouverture d’esprit pour faire de ce Forum de la francophonie un événement phare au cours duquel seront posés des repères importants pour l’émergence d’une francophonie canadienne plus visible, plus forte et plus déterminée que jamais.
La langue française, pour moi, c’est plus qu’une chanson que l’on fredonne, qu’un poème qui nous inspire, qu’un livre que l’on dévore, que des mots qui nous transportent, mais c’est surtout des millions d’interlocuteurs, un réseau universel de francophones et de francophiles, qui se retrouvent dans une langue qui a de la résonance.
La francophonie canadienne, pour moi, c’est non seulement un espace commun que l’on occupe au nord de l’Amérique, mais c’est aussi des gens qui, comme vous et moi, aiment vivre en français.
La francophonie tout court, pour moi, c’est ni plus ni moins qu’une façon bien spéciale de voir le monde.
La francophonie a une histoire, elle a une présence, elle a un cœur, elle a un visage; faisons maintenant en sorte qu’elle ait aussi une vision d’avenir.
Puisse cette langue qui nous rassemble être aussi ce défi qui nous unit!
Je vous remercie.