La version prononcée fait foi.
Allocution De M. Benoît Pelletier, ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et aux Affaires autochtones
La version lue fait foi.
Monsieur Boudreau, président de l’ACELF, Monsieur Caron, président du congrès, Mesdames Charbonneau et Fortier, hôtes du congrès Madame Guénette, animatrice du congrès, Mesdames, Messieurs,
L’éducation en français est un aspect essentiel au développement de la francophonie au Canada. Elle touche de près les artisans de notre avenir, c’est-à-dire notre jeunesse. C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai accepté l’invitation de l’ACELF à vous adresser quelques mots aujourd’hui, à l’occasion de votre 57e congrès annuel. Une telle inscription dans la durée a d’ailleurs de quoi impressionner; elle témoigne d’une ténacité remarquable et exemplaire.
L’ACELF a toujours été, depuis sa fondation, un organisme rassembleur, tant en éducation qu’en ce qui touche à l’affirmation francophone canadienne. Elle a été le lieu de démarrage de nombreux organismes importants, tels que la Fédération des francophones hors Québec (l’ancêtre de la FCFA du Canada), la Fédération des conseils scolaires francophones du Canada et la Commission nationale des parents francophones. L’ACELF est un organisme pancanadien dans lequel les Québécois ont toujours joué un rôle important. Ma présence ici aujourd’hui vise à témoigner de l’intérêt que porte l’actuel gouvernement du Québec à l’ACELF, à ses travaux et à ses réflexions.
Qui dit ACELF dit éducation en langue française, et qui dit éducation en langue française dit jeunesse. Car ce sont les jeunes qui vont devoir relever le défi de la pérennité de la langue et, ainsi, nourrir cette diversité culturelle, susceptible d’assurer l’avenir du français au Canada, dans les Amériques et dans le monde. C’est pourquoi la réussite scolaire des jeunes, dans le contexte de l’affirmation de leur identité linguistique, est une préoccupation des plus sérieuses. Il s’agit d’un constat que nous avons déjà établi lors de notre Forum sur l’éducation, tenu en novembre 2003, en collaboration avec le ministère de l’Éducation du Québec et l’ACELF, et avec la participation active des gouvernements provinciaux et territoriaux ainsi que des acteurs importants du milieu de l’éducation de partout au Canada.
Je constate, du reste, que vos travaux s’inscrivent dans la continuité. Ils permettent de cerner et d’approfondir encore davantage cette grande problématique que constitue la réussite scolaire dans ses multiples facettes identitaires, qu’il s’agisse de l’intégration scolaire et sociale des élèves francophones dans un environnement majoritairement anglophone, du développement du sentiment d’appartenance identitaire, de la qualité de la communication orale et écrite en français, ou, encore, des moyens mis en oeuvre pour assurer cette réussite, tels que les modèles d’intervention, les styles d’apprentissage et les stratégies d’enseignement. Visons donc non seulement la réussite scolaire, mais aussi la réussite identitaire au coeur de la francisation, et réaffirmons à quel point la langue et la culture sont indissociables de la réussite.
Dans cette perspective très particulière, l’ACELF est certainement préoccupée par la diffusion de l’expertise qui se développe partout au Canada. Elle le fait d’ailleurs très bien grâce à une programmation diversifiée qui impressionne par le nombre d’activités de formation, de perfectionnement, de recherche et de sensibilisation à la langue et à la culture d’expression française. Quels que soient les projets qu’elle met en oeuvre, l’ACELF fait preuve de dynamisme, d’ouverture et d’audace dans le soutien de l’éducation en français au Canada. Elle est et elle demeurera un acteur de premier plan ainsi qu’un partenaire privilégié pour le gouvernement du Québec.
Notre principal objectif est d’assurer au français une place de premier plan au Canada, dans un contexte de mondialisation dans lequel la langue anglaise gagne de plus en plus de terrain. De cet objectif découle la pressante nécessité de travailler ensemble à la création de liens plus étroits, afin de mieux catalyser nos efforts de promotion et d’affirmation de la francophonie au Canada et en Amérique du Nord.
Cela permettra à tous les francophones du Canada de bâtir peu à peu une approche commune de la francophonie, qui nous mobilisera tous dans le même sens et fera en sorte que nos efforts ne seront pas stériles. Ainsi, nos interventions, mieux ciblées, ne resteront jamais sans suites et sans effets; elles feront plutôt grandement avancer notre cause.
Le Forum sur l’éducation de novembre 2003 et le Forum de la francophonie que nous avons tenu en avril dernier ont été pour nous les deux réalisations majeures de la dernière année. Ils ont constitué l’amorce des changements que nous avions annoncés, il y a presque un an et demi maintenant.
Le Forum sur l’éducation a, tout d’abord, marqué une étape cruciale dans notre réflexion sur le statut et la situation du français au Canada et dans notre positionnement par rapport à la francophonie canadienne. Il nous a notamment permis de développer ensemble une vision cohérente de l’éducation en français au Canada et de dégager un certain nombre de pistes de collaboration, lesquelles débouchent maintenant sur des interventions concrètes, annonciatrices de résultats probants, et aux effets que nous espérons multiplicateurs. Aussitôt le Forum terminé, nous avons tout mis en oeuvre pour assurer le suivi de nos engagements dans les meilleurs délais. Nous avons aussi établi avec le ministère de l’Éducation du Québec une étroite collaboration en vue de favoriser le démarrage de projets.
Au chapitre des services de garde en milieu scolaire, nous nous étions donné pour objectif de favoriser le développement d’un réseau chez les communautés, en partenariat avec le réseau québécois des centres de la petite enfance, afin de permettre l’apprentissage du français oral dès le plus jeune âge. Nous avons donné suite à cet engagement en participant à un projet de promotion et de mise en oeuvre, à l’échelle canadienne, d’un modèle de centre de la petite enfance.
La formation des administrateurs scolaires francophones travaillant en milieu minoritaire constituait un autre enjeu important. Lors du Forum, nous avons fait état de la nécessité du transfert de l’expertise québécoise des gestionnaires de l’éducation au bénéfice des administrations scolaires francophones des autres provinces. Je puis vous dire que la formation continue en administration scolaire fait maintenant l’objet d’échanges intensifs entre les conseils scolaires francophones du Canada et les commissions scolaires du Québec. D’ailleurs, en ce moment même, se tient à Montréal, pour la première fois, une réunion sur l’administration scolaire, dont l’idée a pris naissance lors du Forum sur l’éducation. Sur le thème Se connaître, partager et s’associer, les directeurs généraux des commissions scolaires du Québec et ceux des conseils scolaires francophones des autres provinces du Canada se sont réunis pour discuter des meilleures pratiques pouvant faire l’objet de partage entre le Québec et les communautés.
Un autre défi identifié lors du Forum a trait à la formation professionnelle et technique. Tous s’entendent sur le fait qu’il faut favoriser de toute urgence l’enrichissement et la reconnaissance mutuelle des systèmes de formation professionnelle et technique des différentes provinces canadiennes et qu’il faut aussi assurer une plus grande accessibilité des programmes québécois, surtout dans les domaines où les besoins sont particulièrement importants pour la survie des communautés. Nous travaillons actuellement à mettre sur pied un programme pilote qui a pour objectif de valoriser la formation professionnelle et technique offerte en français à l’extérieur du Québec, d’en augmenter la qualité et, surtout, de la rendre davantage accessible aux francophones du Canada. Cette initiative associera les collèges du Canada et les cégeps du Québec, et elle aura certainement des retombées importantes.
En effet, le partage de l’expertise, en matière de formation professionnelle et technique, a été ciblé, au cours du Forum sur l’éducation, comme l’un des moyens les plus efficaces de comparer et, éventuellement, de mettre à niveau les pratiques de gestion, la prestation de l’enseignement, la gestion de la vie étudiante et la qualité de l’administration des collèges, dans une perspective d’amélioration continue, axée sur l’excellence de l’éducation en français et tenant compte de la concurrence canadienne et nord-américaine.
Nous avons aussi lancé d’autres chantiers importants auxquels l’ACELF contribue. Je pense notamment au programme de stages dans les communautés à l’intention des étudiants québécois qui terminent en sciences de l’éducation, programme que l’ACELF a mis sur pied il y a quatre ans entre le Québec et le Manitoba et, plus récemment, entre le Québec et l’Alberta. Ce programme sera graduellement étendu à d’autres provinces canadiennes, de concert notamment avec les conseils scolaires francophones du Canada ainsi que les ministères de l’Éducation des provinces et territoires. Ces stages feront partie intégrante de la formation des étudiants et leur seront crédités.
Les projets dont je viens d’esquisser les grandes lignes ne sont que l’amorce de ce que nous avons convenu ensemble de réaliser pour assurer la réussite scolaire en français partout au pays. D’autres initiatives, dont l’idée a germé lors des assises sur l’éducation, verront certainement le jour, qu’il s’agisse de favoriser les échanges entre étudiants québécois et étudiants francophones des autres provinces, de concevoir des outils pédagogiques en français adaptés à la réalité socioculturelle des communautés ou d’assurer une plus grande accessibilité de divers programmes au moyen de la formation et de l’enseignement à distance.
Nous savons tous que l’éducation est le levier par excellence pour la transmission de la langue, de la culture, de l’identité et des valeurs. C’est pourquoi nous allons continuer non seulement de recevoir favorablement toute proposition de nature à consolider le réseau éducatif francophone de ce pays, mais aussi de travailler avec vous tous au développement de projets poursuivant cet objectif. Pour renforcer le travail fait sur le terrain, le gouvernement du Québec veut accroître ses efforts et s’associer aux gouvernements de vos provinces et territoires, afin que l’éducation en français, en milieu minoritaire, reçoive, de concert avec les communautés et les associations pancanadiennes en éducation, le traitement qui lui est dû en raison de son importance stratégique pour l’avenir du français au Canada.
Du côté des communautés, les jeunes francophones, tout comme leurs parents, doivent promouvoir l’idée selon laquelle l’éducation en français, ainsi que la culture qu’elle véhicule, sont véritablement une valeur ajoutée. Dans cette veine, je puis vous assurer que l’éducation en français est et demeurera un domaine névralgique, aussi bien dans la nouvelle Politique du Québec à l’égard de la francophonie que dans les ententes de coopération que nous signerons avec les autres provinces.
Incidemment, l’éducation constitue le volet fort des ententes de coopération que nous avons conclues au fil des ans avec la Saskatchewan, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard. Je puis vous dire que nous misons beaucoup sur ces ententes pour réaliser nos objectifs. Ainsi, nous avons récemment posé les jalons du raffermissement de nos relations avec notre voisine, l’Ontario, sur plusieurs sujets d’intérêt commun, dont les affaires francophones. Dans ce domaine particulier, nous avons convenu de bâtir sur la coopération actuelle et de concentrer nos efforts dans tous les grands secteurs de la Politique, dont l’éducation. Des discussions sont en cours à ce sujet et elles devraient aboutir sous peu.
De plus, de nouvelles ententes de coopération sont en négociation avec Terre-Neuve-et- Labrador, l’Alberta, la Colombie-Britannique et le Yukon, tandis que notre entente de coopération avec le Nouveau-Brunswick sera renouvelée prochainement. Comme vous le constatez, nous envisageons à court terme de nous associer activement à tous les gouvernements provinciaux et territoriaux qui le souhaitent, de manière à partager nos diverses expertises et à favoriser au maximum les échanges, notamment dans le secteur névralgique de l’éducation.
J’ai indiqué à maintes occasions, au cours de la dernière année, que le temps était venu de réfléchir ensemble à l’état des relations entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes, de revoir la Politique qui encadre ces relations ainsi que sa mise en oeuvre, et de donner forme à un éventuel Centre de la francophonie dans les Amériques. C’est là un vaste programme auquel nous avons donné le coup d’envoi en organisant un Forum sur la francophonie en avril dernier. Cet événement a été couronné de succès et donnera rapidement des fruits.
Après nous être appliqués, au cours de ces assises, à relever les éléments de convergence entre les diverses composantes de la francophonie canadienne, ainsi que les approches devant nous permettre de moderniser nos rapports et de concrétiser notre nouvelle solidarité, nous avons passé en revue certains éléments liés à la mise à jour de la Politique du Québec à l’égard des communautés francophones et acadiennes du Canada. Tout le monde s’entend
d’ailleurs sur le fait que la Politique du Québec doit, dans son application, donner plus de résultats que par le passé. Nous avons donc entrepris de la revoir à la lumière des commentaires et des suggestions qui ont été apportés, afin d’en améliorer la portée, de sorte qu’elle corresponde mieux à la réalité francophone actuelle du Canada, laquelle a évolué de façon notable depuis plus de huit ans. Cet exercice se traduira, à terme, par l’adoption d’un nouvel énoncé mieux adapté aux besoins des francophones et faisant état de perspectives nouvelles qui baliseront nos interventions au cours des prochaines années.
Déjà, nous avons fait consensus sur un certain nombre de constats. Notamment sur celui voulant que l’appui du Québec doive favoriser des actions plus porteuses et plus structurantes au sein de la francophonie canadienne et sur celui voulant que la Politique du Québec doive favoriser davantage la promotion des communautés au Québec. Je puis vous assurer que tout cela se reflétera dans la nouvelle Politique québécoise. Nous réévaluons également le cadre normatif et administratif des programmes de soutien financier, afin que ceux-ci favorisent la réalisation de ces objectifs. Enfin, un comité de suivi réunissant des représentants des communautés et de la société civile québécoise a été mis sur pied au cours de l’été. Ce comité me fera part de ses recommandations en décembre prochain. La nouvelle Politique du Québec à l’égard de la francophonie canadienne devrait donc entrer en vigueur en 2005.
Au cours du Forum de la francophonie, tous ont reconnu également la nécessité de regrouper les forces vives de la francophonie canadienne afin de faire avancer la cause du français à l’échelle continentale. Le Centre de la francophonie dans les Amériques que nous voulons mettre sur pied, sera l’expression à la fois de cette nouvelle solidarité et du leadership qu’entend assurer le Québec en la matière. Son ouverture est prévue sur un horizon de deux ou trois ans, et nous avons déjà amorcé les travaux préparatoires qui nous y conduiront, nous l’espérons, dans les délais que nous nous sommes fixés. Je ne vous cache pas qu’il s’agit là d’un énorme chantier et qu’il y a beaucoup de travail à faire pour le mener à terme. Le Centre de la francophonie dans les Amériques sera sans contredit le véhicule privilégié de notre volonté d’affirmation. Ce sera aussi, très certainement, un lieu de mémoire, car notre présence sur ce continent témoigne d’une réalité historique vieille de quatre cents ans. Mais ce Centre de la francophonie dans les Amériques sera avant tout un lieu de rencontres pour les francophones de tout le Canada et des Amériques. Personnellement, je l’entrevois déjà comme un lieu de débats et d’analyses, un lieu de réflexion et de recherche sur divers aspects de la francophonie, un lieu de promotion culturelle des produits francophones, d’interprétation et de référence sur le fait français en Amérique, bref, un lieu d’animation et d’épanouissement de la francophonie dans toutes ses dimensions.
Je vous ai parlé tout à l’heure de l’importance de développer une vision commune de la francophonie. Je pense que le Centre, en tant que lieu de positionnement stratégique important, nous permettra d’y arriver un peu plus rapidement, ce qui facilitera, à terme, l’élaboration conjointe d’activités de promotion de même que la réalisation de projets communs.
Vous voyez, les défis qui s’offrent à nous sont nombreux, mais je suis fier du travail accompli jusqu’à présent et je pense que nous sommes sur une très belle lancée. Je suis assuré que nous pourrons relever les défis qui se posent à nous, car j’ai l’intime conviction que la francophonie en Amérique a un avenir et qu’elle n’est pas une simple vue de l’esprit. Au contraire, la francophonie est une réalité pour moi. Elle est le résultat d’un processus historique; c’est un espace qui englobe les identités et les cultures de différentes communautés. Le Québec constitue une partie importante de la francophonie canadienne et sa contribution au rayonnement de l’ensemble est fondamentale.
Nous avons, tous et toutes, que nous soyons du Québec ou des communautés, une responsabilité face à notre réussite comme francophones en Amérique et un rôle majeur à jouer auprès de la jeunesse pour assurer la pérennité du français au Canada.
Je vous interpelle donc directement, vous tous qui travaillez auprès de ces jeunes qui baignent dans un environnement n’ayant plus rien à voir avec celui qui était le nôtre à leur âge. Avec les moyens de communication mis à leur disposition, nos jeunes vivent maintenant au rythme de la planète. En raison de la mondialisation des échanges, leurs référents sont bien différents de ceux que nous avions à l’époque.
Parlant des jeunes, justement, j’aimerais rappeler qu’aujourd’hui, je m’adresse non seulement à vous tous et toutes réunis dans cette salle, mais que je m’adresse aussi, par votre intermédiaire, aux francophones de tout le Canada, et plus particulièrement à la jeunesse. Mes dernières paroles seront quelque peu inspirées du matériel pédagogique de qualité qui a été produit dans le cadre du projet Voyage en francophonie canadienne, dont la première phase s’est terminée en 2000 par la publication du Manuel d’introduction à la francophonie canadienne «13 à table» et dont la deuxième phase comporte un manuel et un cahier pédagogique intitulés Voyage en francophonie canadienne.
De grands défis nous attendent. Nous sommes conviés à découvrir une à une les identités francophones du Canada et à prendre conscience des liens qui les unissent. Nous sommes invités à donner un sens et une voix aux mots identité, appartenance, vigilance, entraide et communication. Nous sommes appelés à prendre conscience, tour à tour, de la fragilité et de la force de la francophonie canadienne et à nous engager à travailler à son épanouissement, avenir en main. Dans cet espace francophone canadien qui nous appartient, nous devons apprendre à nous respecter mutuellement. Mais, avant de parler de respect des autres, encore faut-il parler de respect de soi. Ce respect de soi passe par la fierté de parler une langue magnifique, le français, et d’appartenir à un ensemble bien vivant, la francophonie canadienne.
Sur le plan interne, c’est-à-dire au sein du Canada, la langue française fait partie intégrante de l’identité canadienne. Le Canada s’est bâti sur le fondement de la coexistence des langues française et anglaise. Depuis 1982, dans la Constitution canadienne, ce n’est pas que de coexistence que l’on parle, mais aussi d’égalité de statut et d’usage. Tant et si bien que l’on peut dire que la langue française est non seulement liée à la création même du Canada, mais, en plus, qu’elle est devenue indissociable de l’avenir de ce pays, si tant est, bien entendu, que le Canada veuille continuer, dans le futur, à se définir comme un pays ouvert, accueillant et tolérant.
Mais, sur le plan externe, cette fois, c’est-à-dire sur la scène internationale, la langue française jouit non seulement d’un statut des plus enviables, mais, en plus, elle est porteuse d’une culture qui lui est propre; elle est porteuse de valeurs humanistes et respectueuses des libertés individuelles, tout autant que des autonomies collectives. La langue française possède son génie propre, qui en fait une alternative intéressante et viable à l’anglicisation et à l’américanisation de la planète.
J’ai toujours pensé qu’un projet humain, quel qu’il soit, pour prendre tout son sens, devait avoir deux dimensions : l’universel et l’individuel.
Adapté au défi que représente l’essor de la francophonie, l’universel veut dire que nous devons enrichir la francophonie internationale de notre présence, de nos actions et de notre détermination.
Quant à l’individuel, cela veut dire qu’il y a des gens comme vous et moi, des gens de partout, francophones et francophiles, qui dessinent jour après jour le visage de la francophonie, qui l’habitent et qui l’animent.
Nous devons à tout prix dynamiser davantage nos rapports et nous donner un plan pour aller encore plus loin sur la voie de l’engagement ferme en faveur du rayonnement du français. Rappelons-nous qu’il ne saurait y avoir de diversité réelle et durable sans une affirmation culturelle et linguistique très forte de notre part. Cette affirmation se fera par notre créativité, notre détermination et, surtout, notre volonté de continuer à vivre, à voir le monde et à s’y affirmer en français.
Je vous remercie.