La version prononcée fait foi.
Mesdames, Messieurs,
C’est avec grand plaisir que j’ai accepté l’invitation de l’Association canadiennefrançaise de l’Ontario – le Conseil régional d’Ottawa – à venir vous adresser la parole à l’occasion de ce brunch annuel des élus. Je remercie tout particulièrement le directeur général par intérim du Conseil, M. Jean-Louis Schryburt, de m’avoir aimablement proposé cette tribune aujourd’hui.
Je vais profiter de l’occasion pour vous entretenir du point de vue du Québec sur les grands enjeux en matière de relations intergouvernementales canadiennes. Je vous ferai part également de la vision de notre gouvernement relativement à la francophonie canadienne, vision dont découlent les projets majeurs auxquels nous consacrons actuellement nos énergies et qui nous tiennent particulièrement à coeur. Je pense, bien sûr, à la nouvelle politique du Québec en matière de francophonie canadienne, en voie d’élaboration, ainsi qu’au Centre de la francophonie dans les Amériques, à la création duquel nous travaillons intensivement depuis quelques mois.
Je traiterai aussi des relations du Québec avec l’Ontario et avec la francophonie ontarienne, ainsi que des accords de coopération que nous souhaitons signer avec tous nos partenaires de la fédération canadienne dans le but d’intensifier nos échanges et d’appuyer, sur une base bilatérale, l’essor des communautés francophones partout au Canada.
Mais, auparavant, je tiens à souligner le grand intérêt que revêt à mes yeux un événement comme celui qui nous réunit aujourd’hui. Cette idée de mettre en présence des élus francophones des instances fédérale, provinciale, municipale et scolaire de la région, et de créer ainsi des synergies entre ces derniers et la 3 communauté francophone, me paraît tout à fait judicieuse. En effet, chaque initiative permettant de jeter des ponts au sein de la francophonie ne peut que profiter à l’ensemble et contribuer au renforcement du fait français au Canada. Cela me paraît d’autant plus intéressant que nos projets et nos travaux actuels visent avant tout à l’établissement d’une nouvelle solidarité entre tous les francophones de ce pays, solidarité axée sur la coopération, fondée sur l’égalité des partenaires et véritablement ancrée dans l’action.
Il ne s’agit pas là d’un changement anodin, mais d’une volonté de rapprochement comme nous n’en avons pas connue depuis les États généraux du Canada français, en 1967.
Dès notre arrivée au pouvoir, au printemps 2003, nous avons voulu imprimer une nouvelle direction à nos rapports avec les communautés francophones du Canada, et cela, en changeant radicalement l’approche du Québec à leur endroit, mais nous avons également cherché à donner une nouvelle orientation à nos relations avec les partenaires de la fédération canadienne que sont les provinces et territoires.
Le gouvernement auquel j’appartiens croit aux vertus du modèle fédéral. C’est pourquoi, sans rouvrir le pacte constitutionnel, nous avons la ferme conviction qu’il est possible de redéfinir les rapports fédératifs au Canada.
À la faveur de la création, en décembre 2003, de cette nouvelle institution que constitue le Conseil de la fédération, les provinces ont pris conscience de l’importance et, dirais-je, de la nécessité de changer le mode de fonctionnement entre elles ainsi qu’avec le gouvernement fédéral. Elles assument de mieux en mieux leur véritable rôle de partenaires à part entière de cette fédération, ce qui, à terme, signifiera un changement en profondeur du rapport de force établi avec le gouvernement fédéral.
Les provinces prennent également conscience que l’un des principaux problèmes auxquels elles se heurtent a trait à la difficulté qu’elles éprouvent à exercer pleinement leurs compétences constitutionnelles en raison de capacités fiscales réduites. La preuve en est que d’énormes surplus s’accumulent dans les coffres du gouvernement fédéral, ce qui donne lieu à une multiplication d’initiatives fédérales dans des champs de compétence provinciaux. Je pense, par exemple, au domaine municipal, à celui de la formation de la main-d’oeuvre ou de l’éducation, ce que le gouvernement fédéral appelle actuellement l’apprentissage.
Les provinces entendent donc faire du règlement de cette question de plus en plus litigieuse du déséquilibre fiscal leur toute première priorité, car un partage équitable des ressources est un préalable au bon fonctionnement de la fédération canadienne.
La reconnaissance de la spécificité et de la diversité au sein même de ce pays constitue une autre condition incontournable de l’amélioration du modèle fédératif. C’est pourquoi les ententes sur la santé et sur l’assurance parentale que nous avons signées, lesquelles reconnaissent le caractère asymétrique du fédéralisme canadien, constituent un gain important non seulement pour le Québec, mais également pour l’ensemble des provinces et pour le Canada.
En ce qui a trait, maintenant, aux relations entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes, nous avons répété à maintes reprises que les francophones du Canada devaient aller au-delà des rapports qu’ils ont su tisser au fil des ans, reflet de leurs racines et de leur histoire communes. En effet, ils doivent maintenant s’employer à développer ensemble, en tant que francophones, une vision d’avenir, tournée vers la modernité. Si nous voulons que le Canada demeure une société bilingue dans toute l’acception du terme, c’est-à-dire une société composée de deux communautés linguistiques également prospères, il est absolument nécessaire que, nous, francophones, fassions front commun pour assurer la pérennité de cette langue qui est la nôtre.
Dans cette perspective, nous croyons qu’une francophonie vivante et dynamique doit nécessairement inclure le Québec, seule société majoritairement francophone en Amérique du Nord, mais dans le respect de ses caractéristiques propres. Ainsi donc, la vision d’une francophonie canadienne unie dans sa diversité et dont le Québec fait partie intégrante nous anime tout particulièrement. Nous souhaitons aussi que le Québec y exerce un leadership rassembleur dans une relation d’égal à égal avec ses autres partenaires.
Voilà qui résume la vision de la francophonie canadienne que nous chercherons dorénavant à incarner. Il s’agit là d’un changement majeur d’orientation. Nous avons d’ailleurs fait en sorte que ce nouveau positionnement se traduise par des actions concrètes, dont certaines ont déjà porté leurs fruits, tandis que d’autres, encore à venir, marqueront une évolution déterminante dans la dynamique des rapports entre le Québec et les communautés francophones du Canada.
Force est de constater que les choses ont beaucoup changé au cours de la dernière décennie. La mondialisation et l’intégration économique des Amériques contribuent à établir, partout et un peu plus chaque jour, la suprématie de l’anglais et de la culture américaine. En contrepartie, la défense du multilinguisme et de la diversité des expressions culturelles à l’échelle mondiale, à laquelle le Québec apporte sa contribution, se poursuit et aboutira vraisemblablement à l’adoption d’une convention internationale sur le sujet. Plus près de nous, il faut constater la fragilité de la situation démographique des francophones partout au pays, y compris au Québec, ce qui a pour effet de remettre périodiquement en question nos acquis en matière linguistique. C’est pourquoi, dans cette conjoncture, la plus extrême vigilance est de mise afin d’assurer la consolidation du statut de notre langue chez nous.
Un autre facteur d’évolution réside dans le fait que les francophones hors Québec se sont dotés, à divers degrés, d’une gamme accrue d’institutions et d’associations afin de mieux marquer leur présence partout au Canada. Les années 1990 ont en effet vu le réseau institutionnel de la francophonie canadienne prendre une expansion remarquable, notamment dans les domaines de la culture, de l’éducation et de la santé. Les communautés francophones ont pu ainsi consolider leur position et prendre en charge la gestion de secteurs d’activité névralgiques pour leur avenir, tout en offrant de nouveaux services en français dans des domaines jugés essentiels à leur développement. Je pense notamment aux secteurs de l’immigration et de la petite enfance.
Tous ces changements qui viennent d’être évoqués brièvement font maintenant en sorte que l’actuelle politique du Québec à l’égard des communautés francophones et acadiennes du Canada ne correspond plus aux objectifs que doivent aujourd’hui partager le Québec et les francophones du pays et ne permet plus vraiment de répondre aux besoins pour lesquels elle a été élaborée. C’est pourquoi nous avons entrepris de la revoir.
La nouvelle politique du Québec en matière de francophonie canadienne, à laquelle nous travaillons actuellement s’appuiera sur les principes suivants :
La nouvelle politique proposera aussi des voies d’action axées sur des interventions dont le but premier sera de rapprocher les communautés francophones et le Québec et, ainsi, de favoriser le rayonnement du français à l’échelle continentale. Les ministères et organismes du Québec, la société civile québécoise, les communautés francophones ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux seront associés à sa mise en oeuvre, laquelle se fera selon une approche inclusive et dynamique.
Enfin, la portée des interventions du Québec débordera les secteurs actuellement couverts par la politique de 1995, soit la culture, les communications, l’économie, l’éducation et la santé. Le gouvernement du Québec pourra ainsi appuyer des initiatives favorisant le rayonnement du français dans d’autres secteurs tels que l’immigration, la petite enfance et la justice.
Dans ce même esprit qui nous guide en ce qui a trait à la révision de la politique, nous avons entrepris de mettre sur pied un centre de la francophonie dans les Amériques. Il nous paraît nécessaire, en effet, de regrouper les forces vives de la francophonie pour faire avancer la cause du français à l’échelle continentale. Le Centre aura notamment pour objectif de favoriser la connaissance, le rayonnement et la promotion du fait français dans les Amériques.
Ainsi, en matière de diffusion de la recherche, le Centre contribuera à une meilleure connaissance et assurera une meilleure accessibilité des résultats de la recherche sur la francophonie dans ses dimensions canadienne et continentale.
Le Centre établira également une vitrine culturelle par laquelle il assurera la promotion de la culture et de la langue françaises dans tous les domaines d’activité, notamment par la diffusion de créations et de productions, telles que la projection de films, l’organisation de spectacles, de tables rondes, de débats, de semaines thématiques ou de soirées littéraires. Par ailleurs, le Centre favorisera la connaissance et la promotion du patrimoine francophone des Amériques par la généalogie et l’histoire des familles souches.
Enfin, le Centre encouragera le réseautage socioéconomique des francophones des Amériques, notamment par la promotion d’activités sectorielles de maillage. Il favorisera l’émergence de liens entre jeunes par le jumelage de groupes et d’organismes dédiés à la jeunesse québécoise, francophone canadienne ou des Amériques.
Le Centre de la francophonie dans les Amériques sera une institution multidimensionnelle. D’une part, il aura pignon sur rue dans la ville de Québec et, de ce fait, jouira d’une grande visibilité, ce qui en fera un lieu animé de rencontres et un milieu de vie. Ce sera également un lieu d’échanges virtuel dont, en effet, une part importante du contenu et des activités sera disponible dans Internet. Le Centre sera enfin un lieu où rayonnera le fait français dans tous ses modes d’expression, et ce, par-delà les frontières du Québec et du Canada, dans toutes les Amériques.
Nous avons déjà entrepris plusieurs travaux préalables à la mise sur pied du Centre, que nous espérons inaugurer d’ici à la fin de 2006. Nous entreprendrons, par ailleurs, au cours des prochaines semaines, une série de rencontres préliminaires avec les principaux organismes intéressés, tout particulièrement avec les représentants des communautés francophones et acadiennes.
Comme vous pouvez le constater, le gouvernement du Québec s’est résolument engagé, en collaboration avec les francophones de tout le pays, à relever le défi d’une francophonie moderne, à bien positionner celle-ci relativement à l’avenir et à affirmer sa présence sur les plans social, économique, culturel, politique et juridique.
Par ailleurs, la participation active du Québec à la vie fédérative et à la promotion du fait français se conjugue également avec une volonté affirmée d’intensifier la coopération avec les autres provinces et territoires. Lors de la Conférence ministérielle sur les affaires francophones qui s’est tenue à Winnipeg, en 2003, j’ai formulé une offre en ce sens à tous mes collègues. Depuis, des accords de coopération en matière de francophonie ont été conclus avec l’Alberta et le Yukon, portant à huit, sur une possibilité de douze, le nombre de gouvernements provinciaux et territoriaux avec lesquels le Québec a signé une entente en ce domaine. Un accord du même ordre est également à venir avec la Colombie- Britannique.
En outre, nous avons, au cours des derniers mois, travaillé à la révision et à l’actualisation des accords existants avec certaines provinces. Ainsi, avec le Nouveau-Brunswick et l’Ontario, le Québec poursuit activement des négociations en vue de la conclusion prochaine d’un accord-cadre de coopération et d’un accord en matière de francophonie.
La relation que nous entretenons avec l’Ontario depuis plus de 150 ans demeure importante à nos yeux, peut-être encore davantage avec l’arrivée au Québec d’un gouvernement fédéraliste, lequel souhaite tisser avec ses partenaires fédératifs des liens beaucoup plus étroits et contribuer avec eux à l’amélioration, à la modernisation ainsi qu’au renouvellement de la fédération canadienne.
À cet égard, rappelons que le Québec et l’Ontario ont très largement contribué, par leur action conjointe, à l’instauration et à la préservation des bases du fédéralisme canadien actuel. Ne serait-ce qu’en raison de leurs poids démographiques et de leurs pouvoirs économiques respectifs au sein de la fédération canadienne, de leurs intérêts réciproques ou de leur situation géographique centrale sur le territoire canadien, et parce qu’ils partagent une frontière commune, le Québec et l’Ontario ont tout à gagner en consolidant la relation de collaboration étroite et privilégiée qu’ils entretiennent depuis déjà fort longtemps.
Pour sa part, le Québec souhaite renouveler et rendre plus dynamiques les liens particuliers qu’il a développés avec sa voisine. Dans cet esprit, les premiers ministres Charest et McGuinty ont annoncé, en avril 2004, l’engagement de leurs gouvernements respectifs à coopérer plus étroitement dans un certain nombre de dossiers jugés prioritaires. Ils ont notamment fait état de l’intérêt de leurs deux provinces à favoriser le développement du fait français et à multiplier les échanges en matière de francophonie. Ils se sont dits déterminés à faire en sorte que cette volonté de coopération se traduise par des actions concrètes, particulièrement dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la petite enfance et de la santé. L’accord-cadre de coopération, auquel s’ajoutera un accord en matière de francophonie, s’inspire de ce protocole.
Les négociations concernant cet accord-cadre se poursuivent et devraient trouver leur aboutissement sous peu. Cette nouvelle entente Québec-Ontario remplacera celles de 1969 et de 1994 qui liaient les deux gouvernements. Elle contiendra des mesures propres à accentuer nos relations, ce dont nous avons tout lieu de nous réjouir. Car, est-il besoin de le rappeler, les liens qu’ont tissés les deux provinces sont profondément ancrés dans l’histoire du Canada, puisqu’ils sont bien antérieurs à la Confédération. Faut-il redire la place prépondérante que les deux provinces occupent dans l’espace économique 12 canadien? En 2003, par exemple, elles généraient ensemble 63 % du PIB canadien, ce qui en faisait les plus importants partenaires commerciaux de la fédération. D’autre part, 53 % des biens et services vendus par le Québec sur le marché intérieur prenaient le chemin de l’Ontario, alors que 73 % des biens et services que le Québec achetait provenaient de votre province. C’est donc dire que des relations étroites et fructueuses entre nos deux provinces contribuent sensiblement à la prospérité actuelle du Canada.
Par ailleurs, l’Ontario est la province la plus populeuse, la plus riche et la plus influente de la fédération. Sa communauté francophone est également la plus importante du Canada, à l’extérieur du Québec, puisqu’on y compte, d’après le dernier recensement, plus d’un demi-million de personnes de langue maternelle française – 509 800, pour être plus précis – sur un total, pour l’ensemble des communautés francophones du Canada, de 978 555 personnes. Cela représente donc plus de la moitié de toute la francophonie canadienne hors Québec.
À eux seuls, ces chiffres nous indiquent que, pour raffermir la place du français au Canada, il est important pour le Québec de nouer des alliances avec l’Ontario, aussi bien au niveau des deux gouvernements qu’entre nos sociétés civiles respectives. Rappelons tout de même qu’à l’heure actuelle, la coopération établie entre la communauté franco-ontarienne et la société québécoise a déjà plusieurs réalisations à son actif, principalement dans le domaine de la culture. À titre d’exemple, mentionnons la collaboration étroite qui s’est établie entre Réseau Ontario des arts de la scène et le Réseau des organisateurs de spectacles de l’Est du Québec, laquelle favorise depuis plusieurs années la circulation des artistes québécois et ontariens dans les deux provinces.
En outre, l’affaire Montfort, épisode dramatique de l’histoire récente de la communauté franco-ontarienne, nous a tous fait prendre conscience de la nécessité de préserver et de solidifier ce qui constitue la base même d’une 13 francophonie vivante et dynamique en contexte minoritaire, soit les institutions francophones. Au fil des ans, ces dernières deviennent presque toujours des symboles identitaires puissants qui contribuent à rallier la communauté. C’est pourquoi leur disparition est souvent perçue comme un signe de déclin inéluctable. La défense vigoureuse de Montfort par toute une série d’actions mobilisatrices très médiatisées a fortement contribué à raviver le sentiment d’appartenance de la communauté franco-ontarienne et, conséquemment, sa détermination à survivre et à se développer en français.
Je suis heureux de constater que les liens de solidarité que Québécois et Ontariens francophones ont renoués à l’occasion de cette affaire perdurent et continuent de se développer. C’est ainsi, par exemple, qu’une entente de partenariat intervenue à l’automne 2004 entre la Commission scolaire des Découvreurs de la région de Québec et le Conseil des études catholiques de langue française du Centre-Est ontarien permettra aux deux organismes de réaliser des projets conjoints très importants. En effet, ces derniers viseront avant tout à la mise en commun, au bénéfice des élèves, de l’expertise et du savoir-faire de chaque partenaire, notamment en ce qui touche certains programmes particuliers du primaire et du secondaire, la valorisation de la formation professionnelle, l’élargissement de l’offre générale de service des établissements ainsi que la promotion de l’excellence de l’école publique en français. C’est ce genre de projets que nous souhaitons voir se multiplier entre francophones du Québec et de l’Ontario et que notre gouvernement soutiendra sans réserve.
Enfin, la publication, à l’automne 2004, d’une politique d’aménagement linguistique de l’Ontario pour l’éducation en langue française constitue, à nos yeux, un autre fait marquant qui témoigne de la détermination de cette communauté à assurer son développement. Élaborée par le ministère de l’Éducation de l’Ontario, en collaboration avec près de 600 représentants des conseils scolaires francophones ainsi qu’avec d’autres partenaires du domaine de l’ éducation de la province, la politique favorisera la mise en oeuvre d’interventions judicieuses et novatrices en faveur du français en général et de l’éducation en français en particulier.
L’accord-cadre de coopération Québec-Ontario constituera à coup sûr un levier important, permettant la réalisation de projets ciblés en faveur de la communauté franco-ontarienne dans des secteurs diversifiés. Souhaitons que cette politique d’aménagement linguistique contribue à l’intensification du dialogue et des échanges entre les deux provinces. Les francophones de tout le Canada, et particulièrement les jeunes, à qui il reviendra de relever le défi de la pérennité du français chez nous, ne pourront qu’en tirer eux aussi d’immenses bénéfices. J’ai confiance dans le Québec et l’Ontario qui, liés par l’histoire, sauront concevoir l’avenir de manière à pouvoir répondre adéquatement aux défis qui les interpellent. Ils le prouvent d’ailleurs actuellement, par exemple, dans les discussions en cours sur la délicate question de la mobilité de la maind’oeuvre, discussions qui se poursuivent et progressent de manière encourageante. Nous souhaitons vivement qu’une solution soit apportée dans les meilleurs délais à ce problème récurrent, qui bloque présentement l’amélioration des relations entre le Québec et l’Ontario.
Au-delà des quelques litiges qui viennent jeter une ombre sur des rapports par ailleurs très étroits et très fructueux entre nos deux provinces, nous nous réjouissons du fait que l’Ontario apporte une contribution importante à la vitalité du fait français au Canada. À nos yeux, cela n’a pas de prix, le français étant le fondement même de notre identité et de notre spécificité. Nous savons par ailleurs que le rayonnement de cette langue en Amérique repose entièrement sur notre volonté individuelle et collective d’agir afin d’ assurer au français une place de choix parmi les quelques grandes langues véhiculaires des sciences et des techniques, capables d’exprimer la modernité. Pour cela, il est impératif qu’il continue d’imprégner non seulement nos univers privés, mais également le monde du travail, du commerce, de l’éducation, de la science, de la connaissance et de la culture. De fait, la francophonie s’appuie sur un héritage culturel d’une exceptionnelle richesse. Faisons en sorte que le français demeure cet outil d’élaboration et de transmission des savoirs qu’il est encore, ce qui assurera son avenir.
Cela commence par l’affirmation collective de notre caractère français et de notre volonté commune de continuer à vivre en français et à appréhender le monde à travers le prisme de la culture que nous avons héritée. Je vous remercie.