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Québec. le 15 mars 2006 Remise du prix Émile-Ollivier 2006

La version prononcée fait foi.

Madame la Ministre de la Culture et des Communications,
Monsieur le Président du Conseil supérieur de la langue française,
Madame la Mairesse de la ville de Québec,
Messieurs les Consuls et Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les récipiendaires de l’Ordre des francophones d’Amérique et du Prix du 3-Juillet-1608,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

À titre de ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne, je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour assister à cette deuxième cérémonie de remise du prix Émile- Ollivier. Le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes est fier d’avoir été associé à la création de ce prix qui permettra, nous l’espérons, de mieux faire connaître les littératures canadiennes francophones de l’extérieur du Québec, lesquelles proposent aux lecteurs une vision unique et originale du monde, reflet d’une réalité sociologique apparentée à la nôtre, mais qui s’en distingue également à bien des égards.

Nous nous réjouissons que ce prix littéraire soit décerné à l’occasion de la cérémonie annuelle de remise des insignes de l’Ordre des francophones d’Amérique et du Prix du 3-Juillet-1608, puisque, en tant que francophones, celle-ci nous rappelle à notre devoir envers l’histoire, tout en soulignant le travail remarquable, soutenu et passionné des meilleurs d’entre nous, qu’ils soient de souche ou d’adoption, en faveur de l’enracinement et de l’épanouissement de la langue française.

Le prix Émile-Ollivier vise lui aussi à reconnaître l’excellence de francophones qui font honneur à leur langue en s’illustrant dans le domaine des lettres à l’extérieur du Québec. Ce faisant, ils contribuent, par leur talent, à l’émergence d’une conscience plus claire, plus nette de notre appartenance à une seule grande communauté de langue française au pays et dans le monde, par-delà nos différences et nos particularités.

En fréquentant les écrivaines et écrivains francophones des autres provinces canadiennes, non seulement, en effet, nous abordons d’autres rivages et touchons d’autres univers, mais nous comprenons mieux, à mon sens, à quel point notre langue est réellement le lieu d’un héritage partagé. C’est pourquoi je tiens à saluer ici les éditeurs francophones de l’extérieur du Québec qui travaillent dans les marges à la fois fragiles et résistantes d’une autre réalité francophone en Amérique, témoignant ainsi de la volonté tenace de s’épanouir qui anime les communautés francophones et acadiennes du Canada.

Par ailleurs, nous sommes tous conscients des liens étroits qui existent entre une langue et sa littérature. Par elle-même, la langue façonne notre identité et permet de donner une forme à notre expérience singulière. Elle est donc le témoin privilégié d’une manière d’appréhender le monde. Cependant, on comprend toute l’importance de la littérature quand on sait à quel point elle permet à toute langue de s’illustrer, de s’enrichir et de se renouveler, ce qui la rend apte à exprimer au plus juste les nuances de la pensée, les subtilités du réel, de même que toute la complexité du monde et de la condition humaine.

Certains prétendent que le roman et le récit, entre autres genres littéraires, sont devenus désuets puisque, au long des siècles, toutes les histoires ont été racontées, tous les thèmes et motifs possibles exploités. Mais, au-delà de ces peintures de milieux sociaux particuliers qui nous captivent tant et où les destins individuels sont toujours entrelacés, d’une manière ou d’une autre, avec l’histoire du monde, il y a et il y aura toujours la manière de dire qui est le reflet d’une esthétique, laquelle est elle-même le sceau d’une époque. Ce qui importe dans le récit ou le roman, ce qui confère à ces genres littéraires leur originalité, c’est précisément le style, le ton, l’invention, bref, c’est la petite musique d’un écrivain, marque d’une sensibilité particulière.

Je souhaite que le prix Émile-Ollivier puisse encourager tous les francophones à avoir confiance en leur créativité, car il importe au plus haut point que le français continue d’être le laboratoire d’oeuvres littéraires fortes, gage de sa vitalité et de son rayonnement.

Il est à espérer que cette langue de coeur et de raison qui est la nôtre et que nous aimons tant puisse continuer encore très longtemps à façonner notre avenir, comme elle a si bien su dessiner les nuances de nos expériences passées.

Je vous remercie.