La version prononcée fait foi.
Salutations d’usage :
M. Yvon Fontaine, recteur de l’Université de Moncton;
M. Rodrigue Landry, directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques;
M. Joseph-Yvon Thériault, président de la Biennale Amérique de la langue française; Distingués invités.
Je vous remercie de votre aimable invitation à ouvrir la première Biennale Amérique de la langue française. J’accueille cependant cette invitation avec humilité, puisque je me retrouve ici devant des spécialistes qui en savent passablement plus long que moi sur les dynamiques spatiales et identitaires de la francophonie d’Amérique.
L’organisation de cette Biennale Amérique de la langue française constitue une réponse inspirante à l’appel lancé entre autre par le gouvernement du Québec à tous les francophones du Canada et des Amériques pour qu’ils resserrent leurs liens, au bénéfice d’un meilleur positionnement de la langue française ici et ailleurs dans le monde. Le gouvernement dont je fais partie est donc très fier de s’associer à la présente conférence, laquelle fait d’ailleurs partie des projets soutenus par le Programme québécois de soutien financier aux partenariats et au développement des communautés.
En réfléchissant à ce que j’allais partager avec vous aujourd’hui, j’ai laissé se croiser librement en moi quelques images issues des thématiques que vous allez aborder au cours des prochains jours. J’y ai vu des conquêtes, des territoires, des espaces concrets et imaginaires, des identités, bref, un ensemble de concepts qui a rapidement imposé l’image et le thème de l’enracinement. Par-delà ce mot chargé aux plans sémantique et historique, je pense que nous pouvons évoquer des problématiques fondamentales pour les peuples et les communautés francophones du continent.
En effet, ce mot suggère d’abord l’origine, reconduisant ainsi la pensée et la culture à leurs sources. Mais l’enracinement constitue par ailleurs une ouverture sur des réalités identitaires très actuelles, tels que notre langue, nos territoires et nos institutions. En somme, ce terme d’enracinement nous permet de penser spontanément à l’arbre – pour utiliser une métaphore –, c’est-à-dire à la fois au tronc et aux branches avec leur vie apparente, et aux racines avec leur vie cachée.
Pour formuler cela autrement, je dirais que l’enracinement évoque la trace laissée par le temps, qui trouve à se dire dans le présent et qui continue encore aujourd’hui de se construire et de résonner. La grande question est alors de saisir comment le présent rencontre le passé et inversement, de comprendre comment cette convergence participe à tout construit imaginaire et identitaire; cette question me semble d’ailleurs constituer la trame de fond des travaux que vous allez maintenant entreprendre. Cette réflexion révèle également l’immense défi qui attend les francophones d’Amérique, aujourd’hui comme demain. J’oserais préciser cette idée en reprenant librement les mots de Simone Weil : il s’agit là effectivement du problème qu’il nous faut aujourd’hui impérativement résoudre, sous peine non pas tant de disparaître que de n’avoir jamais existé1.
Cependant, réfléchir à la question de l’enracinement ne nous contraint nullement à la nostalgie et aux épanchements passéistes. Il y a quelque chose de foncièrement positif, de frais et de vivifiant dans le fait de parler des racines d’un arbre, puisqu’elles évoquent la solidité, l’implantation et l’acharnement, la capacité de tirer la vie du milieu qui le nourrit, de croître et de se projeter vers l’avant. Ainsi, l’enracinement nous renvoie à la vigueur et aux luttes contre l’adversité, mais aussi au futur. « Un être humain a une racine, nous rappelle Weil, par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. »2 Et quand je pense à la langue française en Amérique, à ses locuteurs qui sont 9 millions au Canada et près de 12 millions en Amérique du Nord et qui continuent d’affirmer leur vitalité sur le continent, c’est encore l’image de l’enracinement qui me vient. J’aperçois le tableau de l’implantation dans des territoires en friche; je songe à ces réalités culturelles et géographiques vivantes et éclatées, mais pourtant si proches et qui, plus que jamais, me semblent avoir besoin d’outils pour se penser aujourd’hui et se projeter vers l’avenir.
Je pense aussi à ces communautés et à ces peuples francophones qui défient les grands vents en continuant à occuper le territoire de leurs ancêtres. Ils persistent dans leur lutte, même si, à l’évidence, la langue française perd graduellement du terrain au profit de la grande langue internationale de communication qu’est devenu l’anglais. Comme dirait André Malraux, il nous incombe maintenant de déterminer les contraintes qui découlent de cette situation démolinguistique, car c’est là le seul moyen de déterminer nos libertés3.
Sur notre continent, il est indéniable que l’unification linguistique et culturelle autour de l’anglais et de la culture de type américain, alliée au phénomène de la mondialisation, invite tous les francophones du Canada et des Amériques à se solidariser davantage afin de renforcer leurs liens, de développer de nouveaux partenariats, d’accroître leur rayonnement et d’ainsi consolider le fait français en Amérique. Sur ce point, je peux aujourd’hui vous assurer que le Québec restera très actif. La nouvelle Politique du Québec en matière de francophonie canadienne, que je dévoilerai prochainement, sera le fer de lance de notre stratégie, ainsi qu’une nouvelle étape vers un renforcement des liens entre francophones et francophiles du Canada. J’y reviendrai tout à l’heure.
Cela dit, comment la notion d’enracinement peut-elle nous éclairer? La mondialisation n’est-elle pas actuellement le phénomène de déracinement par excellence? Dans ce contexte, en quoi l’enracinement peut-il servir à comprendre notre situation démolinguistique?
Certes, la mondialisation est un phénomène planétaire difficile à cerner, puisqu’elle se déploie en plusieurs couches de signification. Pour ma part, j’en repère au moins trois qui me semblent déterminantes, de même que trois débats qui accompagnent chaque variation sémantique.
La mondialisation, c’est d’abord l’accélération du temps, la compression des espaces temporels et spatiaux, comme si le monde rapetissait. Depuis quelque temps déjà, ce rétrécissement nourrit tout le débat sur l’intensification des processus communicationnels. Deuxièmement, la mondialisation nous renvoie, de manière plus ou moins radicale, à l’universel, c’est-à-dire à un ensemble unique de normes et de valeurs. Enfin – et nous sommes plus familiers avec cette interprétation –, la mondialisation est synonyme de libéralisation des marchés, d’ouverture des frontières. Cette dernière façon d’interpréter la mondialisation conduit au débat, pour ne pas dire à l’opposition, maintenant bien connue, entre le projet transnational qu’elle véhicule et le développement économique, politique et culturel des communautés nationales et régionales.
Nous le savons, ces trois niveaux sémantiques s’imbriquent parfaitement l’un dans l’autre. L’extension des échanges économiques et culturels et le rapetissement du monde caractérisent la mondialisation et forment une énorme structure dominée, passez-moi l’expression, par un localisme globalisé, c’est-à-dire par la culture locale américaine qui a réussi à se globaliser. Or, la question est de savoir si tous ces facteurs progressent au détriment des modes de vie particuliers. Autrement dit, la convergence de ces trois phénomènes, ou si vous voulez la mondialisation, conduira-t-elle à la fin de l’enracinement et de l’affirmation identitaire?
Personnellement, je pense que non. Je crois qu’il faut plutôt comprendre l’enracinement comme une ouverture qui permet effectivement aux identités de s’exprimer à l’échelle planétaire. À vrai dire, l’enracinement établit des fondements sociétaux et communautaires qui permettent, à terme, une affirmation identitaire large et ouverte sur le monde. Cela reste vrai, tant et aussi longtemps que ce qui s’affirme de manière essentielle à travers l’identité demeure une manière d’occuper le territoire, un sentiment d’appartenance à une collectivité qui permet non seulement de prendre la juste mesure de son espace, de l’aménager, d’y prendre racines, de s’y attacher, parfois même de s’y accrocher, mais qui permet aussi d’y accueillir l’autre, de lui faire une place.
À partir de là, l’opposition entre la mondialisation et l’enracinement devient problématique. Je dirais que la mondialisation peut favoriser le développement du sentiment d’appartenance et qu’à son tour, ce sentiment assumé incite à l’élargissement des horizons. À mon sens, la construction identitaire est un processus dynamique, à la fois enraciné et ouvert sur autrui et sur le monde. C’est ainsi, je crois, qu’il faut comprendre le mouvement qui revendique le droit de maintenir la diversité culturelle au Canada, dans les Amériques et dans le monde, et au sein duquel le Québec est très actif.
Dans cette optique, l’enracinement rend possible l’affirmation identitaire à travers l’ouverture à l’autre. L’affirmation identitaire suit ainsi un double mouvement. D’un côté, elle suppose implantation et attachement, de l’autre, elle suppose l’accueil du regard d’autrui. Qu’elle intériorise ou récuse le jugement de l’autre, l’identité se définit ainsi inévitablement dans un rapport d’altérité et d’ouverture.
Fernand Dumont a bien mis en lumière, certainement mieux que je puis le faire aujourd’hui, les mécanismes de la construction identitaire, notamment à travers une analyse des référents élaborés au dix-neuvième siècle chez les Canadiens anglais et les Canadiens français. D’un côté, le discours anglophone sur les Canadiens français véhiculait une constante allant du mépris bienveillant au comble de l’injure, notamment lorsque les Canadiens français étaient définis comme les « laissés-pour-compte » de l’Histoire. Or, selon Dumont, « en définissant ainsi les francophones, les anglophones se trouvent à se décrire eux-mêmes par inversion, à proclamer les valeurs dont ils se croient les porteurs4 ». Du côté canadien français, l’altérité a opéré à peu près de la même manière : les francophones ont accédé à leur conscience identitaire par l’intériorisation du regard de l’autre. L’assimilation à laquelle on les vouait, la réserve à laquelle on les confinait ont contribué à inspirer leur propre discours, un discours de la survivance, porteur d’identité pour les Québécois et pour les membres des communautés francophones et acadiennes d’hier et d’aujourd'hui.
À mon avis, et certains intellectuels présents aujourd’hui l’on éloquemment montré par leurs recherches, cette conception de la construction identitaire s’applique aussi à la relation du Québec avec les communautés francophones et acadiennes du Canada. Le regard du Québec sur celles-ci a certainement contribué à forger l’identité francophone à l’extérieur de son territoire, et vice versa. Or, cet effet miroir, pour ainsi dire, nous permet aujourd’hui de passer à une autre étape et de s’épauler dans nos démarches respectives.
Après voir évoqué l’enracinement, j’aimerais donc maintenant me situer davantage en aval de cette perspective en vous parlant d’avenir, de l’avenir des cultures d’expression française au Canada. En effet, au-delà des gains juridiques, politiques, économiques et culturels enregistrés depuis les années 1960 au Québec et dans les communautés francophones et acadiennes, il s’agit maintenant de nous demander où nous voulons aller, comment nous comptons tirer profit de la mondialisation afin d’assurer la pérennité de la langue française et l’épanouissement des cultures d’expression française. Bref, quelles seront nos prochaines conquêtes?
Le contexte de la mondialisation et de l’intégration économique des Amériques nous invite donc à nous donner les outils qui rendront le déploiement de la francophonie canadienne non seulement possible, mais également souhaitable. Il faut pouvoir miser sur la création de partenariats durables, en particulier entre les communautés francophones et acadiennes et la société civile québécoise, du moins si l’on souhaite une affirmation optimale du fait français en Amérique. Autrement dit, il faut pouvoir développer la connaissance réciproque et la solidarité entre francophones.
Le gouvernement du Québec a déjà signalé l’importance qu’il accorde à cette solidarité et il entend faire tout ce qu’il peut pour assurer l’essor du fait français au Canada et dans les Amériques. D’une part, depuis que nous avons formé le gouvernement en 2003, le Québec adhère pleinement à la francophonie canadienne. Cela signifie que le gouvernement du Québec a résolument choisi de reprendre sa place de membre à part entière de la francophonie canadienne et qu’il souhaite désormais y jouer un rôle actif et rassembleur. Il me semble indéniable que cette participation peut avoir un effet durable sur la manière dont se construit l’identité francophone au Canada. Je pense ici, notamment, à la portée structurante que peuvent avoir les échanges francs et authentiques sur nos expériences respectives de l’enracinement, de la lutte et de la résistance à l’assimilation, mais aussi sur nos projets et notre vision de l’avenir.
D’autre part, la francophonie canadienne pourra bientôt disposer d’un outil supplémentaire pour assurer sa pérennité et son développement : il s’agit de la nouvelle I. Cette nouvelle Politique s’inscrit dans le sillage du changement d’attitude du Québec à l’endroit de la francophonie canadienne, dont je viens de glisser un mot. Elle s’inspirera de deux principes directeurs que je me permettrai d’évoquer rapidement.
Premièrement, LES FRANCOPHONES DOIVENT RENFORCER LEURS LIENS. Parce qu’ils sont vulnérables lorsque divisés, et aussi parce qu’ils sont géographiquement dispersés, les francophones du Québec et du reste du Canada doivent resserrer leurs liens et établir des partenariats solides et concrets, afin d’accroître leur présence et leur influence partout au pays.
Deuxièmement, parce que le Québec est au coeur de la francophonie canadienne et qu’il constitue le seul État francophone en Amérique du Nord, Il DOIT ÊTRE UN LEADER RASSEMBLEUR. Je crois que le Québec a une responsabilité particulière à l’égard des communautés francophones et acadiennes, responsabilité qui l’appelle notamment à jouer un rôle plus actif et à exercer, dans le respect de la diversité de chacune, un leadership rassembleur auprès de ces diverses communautés.
À mon sens, la nouvelle Politique du Québec en matière de francophonie canadienne rencontrera parfaitement les exigences de l’enracinement tel que je l’ai défini. Elle sera le reflet à la fois d’un attachement à l’imaginaire francophone et d’une ouverture essentielle. Elle sera « attachement » parce qu’elle table, d’abord et avant tout, sur une culture riche et diversifiée. Elle sera « ouverture » parce qu’elle permettra de projeter les francophones du Québec et du Canada vers l’avant, parce qu’elle les aidera non seulement à s’adapter aux mutations planétaires en cours, mais à y prendre part de manière concrète et visible.
De plus, afin d’appuyer cette vision active de la francophonie dans les Amériques et dans une perspective de développement de la diversité culturelle et du multilinguisme partout dans le monde, le gouvernement du Québec souhaite créer le Centre de la francophonie dans les Amériques. Ce Centre favorisera le rayonnement de la langue et des cultures d’expression française, ainsi que la concertation de tous les francophones et francophiles du continent.
Je vous le dis aujourd’hui, nous ne serons pas les laissés-pour-compte de l’Histoire. Nous en serons des acteurs inspirés et déterminés.
Il appartient maintenant à tous les francophones et francophiles, qu’ils vivent au Québec ou ailleurs au Canada et en Amérique, d’être et de rester solidaires, de continuer à faire entendre leur fierté de parler français, car, plus que jamais, une communauté de destin nous rassemble et une communauté d’intérêts nous projette vers l’avenir en français.
Vous savez, la francophonie canadienne est à la fois plurielle et singulière. Elle est plurielle parce qu’elle est faite d’une multiplicité de composantes, de communautés, ayant chacune son identité propre. Elle est singulière parce qu’elle est capable d’unité et d’unicité.
La francophonie ne sera forte que dans la mesure où elle sera unie. Son unité elle-même dépendra de notre capacité à tous et toutes de nous mobiliser en faveur du rayonnement de la langue française et de partager un certain nombre d’autres intérêts. De cette façon, la somme sera plus grande que la simple addition des parties.
Au Canada, les francophones habitent un territoire. Ils habitent un espace. Mais, dire cela, c’est un peu réducteur. Car, dans le fond, c’est l’ensemble du pays que les francophones habitent. Les francophones ont bâti ce pays. Ce pays a fait des valeurs parmi lesquelles figure le bilinguisme, celui-ci étant lui-même fondé sur l’existence de deux grandes communautés linguistiques, de deux grandes communautés d’accueil. La présence francophone est une source indéniable d’enrichissement pour le Canada et il est primordial qu’elle soit reconnue comme tel.
Ma francophonie canadienne à moi, ce n’est pas que des institutions, des instances, des rassemblements, des assemblées, des partenariats officiels et des ententes intergouvernementales; non, ma francophonie à moi, c’est d’abord et avant tout des millions de visages, c’est-à-dire des millions d’individus qui nourrissent le fait français au Canada par leur présence et leur quotidien.
Mais cette francophonie devra relever le défi de la modernité et celui de la mondialisation. Elle devra continuer à faire preuve de vitalité. Elle devra se projeter davantage dans le futur tout en misant sur ses expériences passées.
Au terme de cette exploration conceptuelle, j’aimerais porter à votre attention quelques questions qui me semblent fondamentales et que vous pourrez sans doute discuter au cours des prochains jours. L’enracinement est manifestement lié à la notion de territoire comme base physique et géographique. Dans le contexte d’ouverture des frontières, quels seront les impacts sociopolitiques des changements planétaires sur les déterminants identitaires que sont le développement régional et l’aménagement du territoire? La mondialisation entraîne-t-elle une sorte de relativisation du territoire comme vecteur d’identité, en particulier chez les jeunes? Subsidiairement, être « citoyen du monde », cela signifie-t-il être déraciné?
Dans le même ordre d’idées, nous savons tous que l’appartenance à une communauté particulière comporte bien plus qu’un facteur juridique ou formel. Le vivre-ensemble s’exprime par la langue, par les coutumes, les sensibilités, les valeurs, la vision du monde. Tout en respectant la volonté de chacune des communautés de préserver son vivre-ensemble, comment parviendrons-nous à tirer profit des zones frontalières (imaginaires) qui segmentent les cultures, mais qui sont également riches d’enseignements et d’emprunts?
Voilà, chers amis, quelques pistes de réflexion qui, j’ose l’espérer, vous seront utiles pour la suite de vos travaux. Mais il en est une autre que j’aimerais laisser en « pâture » à vos réflexions. C’est que, à mon avis, la langue a indéniablement, en elle-même, des vertus unificatrices. Elle est un pont entre les individus et, bien entendu, elle est centrale à la transmission des valeurs et à la diffusion des idées. J’irais même plus loin : la langue est un pays en elle-même ! Je ne veux pas dire par cela que les frontières des pays doivent être tracées en fonction de la langue. Ce que je veux dire, c’est que dans une perspective globale, on peut très bien regarder au-delà des frontières et se dire qu’après tout, notre pays, c’est la langue française.
1 Simone Weil, L’enracinement, Paris, Gallimard, 1968.
2 Weil, L’enracinement.
3 André Malraux, Discours sur l’examen des propositions relatives aux libertés et aux droits fondamentaux, 12 mai 1976.
4 Fernand Dumont, Gen èse de la société québécoise, Montréal, Boréal, 1993, p. 126.