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Québec, le 18 octobre 2008 Allocution du ministre Benoît Pelletier à l'occasion de l'inauguration du Centre de la francophonie des Amériques

La version prononcée fait foi.

Monsieur le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin,
Monsieur le Président du conseil d’administration du Centre de la francophonie des Amériques,
Chers amis de la francophonie des Amériques,

L’histoire que je veux vous raconter aujourd’hui a débuté il y a quatre cents ans – il y a quatre cent quatre ans, pour être plus précis – par la présence française sur la côte atlantique du Canada, en Acadie. Puis, ce fut la fondation de Québec, premier établissement français permanent sur ce continent, et, à partir de là, ce fut la naissance de toute une civilisation française en Amérique du Nord.

Le fait que nous parlions français ce soir, à l’endroit même où partit cette grande aventure que fut la Nouvelle-France, quatre cents ans après, tient presque du miracle. Nous sommes passés de la survivance à l’existence, puis de l’existence à l’affirmation, puis de l’affirmation à l’épanouissement. L’épanouissement de la langue française est d’ailleurs l’objectif premier du Centre de la francophonie des Amériques.

Si ce centre voit le jour, c’est parce que le gouvernement du Québec croit au rayonnement de la langue française et qu’il veut que le français continue d’être une langue d’Amérique. Cette Amérique française, nous la voulons québécoise, nous la voulons canadienne, nous la voulons nord-américaine, nous la voulons présente d’un bout à l’autre du continent.

Ces communautés francophones et acadiennes avec lesquelles le Québec engage désormais un dialogue renforcé, l’histoire et la géographie les ont doublement isolées. C’est à force de volonté qu’elles ont conservé leur langue, tout en se dotant d’institutions admirables. C’est à force de volonté qu’elles ont perpétué notre langue sur tout le continent.

Laissez-moi vous dire, amis francophones du Canada et du reste des Amériques, à quel point j’ai de l’admiration pour vous. Le Québec a besoin de vous. Votre ténacité et votre détermination sont pour les Québécois et les Québécoises une source d’inspiration et de motivation.

Mais alors, le Québec dans cette francophonie? Eh bien, le Québec en fait partie intégrante. En tant que seul État francophone en Amérique du Nord, le Québec en est même un acteur de premier plan.

Fort d’une identité qu’il a affermie, qu’il a assumée, le Québec s’inscrit résolument dans cette francophonie des Amériques. Le Québec entend désormais y jouer un rôle de leader, rassembleur et mobilisateur. Le gouvernement du Québec n’entend renoncer à aucune de ses responsabilités historiques, il n’entend renoncer à aucune de ses responsabilités actuelles. Mais le Québec ne peut et ne doit pas agir seul.

L’épanouissement du français dans les Amériques passe par une complicité entre les diverses sociétés et communautés francophones, dont le Québec. Car l’usage du français sur le continent n’est concevable dans la durée que si nous nous investissons tous dans cet effort collectif. Le Centre de la francophonie des Amériques, que nous inaugurons aujourd’hui, est l’un des pivots de ce grand projet. Il est au coeur de cette ambitieuse entreprise qui consiste à faire du français, aux côtés de l’anglais, de l’espagnol et du portugais, une des grandes langues des Amériques.

Outil d’une solidarité nouvelle, lieu de partenariats, espace de réseaux, le Centre de la francophonie des Amériques sera l’ancrage de celles et de ceux qui sont fiers de cet héritage commun et qui entendent en assurer la pérennité. Il sera le point nodal, le carrefour d’une vaste communauté à la fois humaine et virtuelle des francophones des Amériques. Une communauté dynamique, propice aux relations interpersonnelles, aux liens culturels, aux relations d’affaires. Elle passe par une complicité avec les immigrants francophones et les francophiles, ces francophiles qui sont aussi d’ardents défenseurs et promoteurs du fait français.

Cette langue que nous partageons doit être langue d’échanges quotidiens. Elle doit être langue de travail, langue d’enseignement, langue de sciences, langue de médias. Nous avons cette chance inouïe de partager une langue claire et raffinée, capable de saisir le monde contemporain, capable de le penser et de l’inventer. Une langue capable de nous donner accès au monde et de prendre part à son évolution. De cette langue d’avenir, nous entendons renforcer le statut.

Une langue n’est pas qu’une suite de mots, ce sont aussi des valeurs que l’on porte en soi. La langue est un pont entre les individus, elle favorise le rapprochement et l’union des êtres au-delà des frontières, des clivages et des différences. La langue française en particulier est porteuse d’humanisme et des droits de la personne et des minorités. La parler est un privilège, la transmettre est un devoir.

J’invite tous les francophones et les francophiles à s’approprier cet outil magnifique, à adhérer à sa mission et à prendre part à ses activités. Ensemble, nous ferons l’avenir en français, dans la solidarité, mais aussi dans le respect de nos riches différences. Désormais, quiconque souhaite contribuer à l’avancement de la langue française trouvera le Québec à ses côtés.

Voilà qu’en terre d’Amérique s’ouvre une autre belle page de cette histoire dont je parlais au début, soit l’histoire d’une langue que nous chérissons tant.