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Montréal, le 20 mai 2011 Soirée inaugurale du Congrès sur l’Amérique française

La version prononcée fait foi.

Madame la Ministre des Services sociaux et communautaires et Ministre déléguée aux Affaires francophones du gouvernement de l’Ontario (Madeleine Meilleur)

Madame la Conseillère municipale du district Côte-des-neiges et Membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, représentant le Maire de Montréal (Helen Fotopulos)

Monsieur le Président du Comité organisateur et Trésorier de la Fédération des sociétés d’histoire du Québec (Marc Beaudoin)

Monsieur le Président de la Fédération des sociétés d’histoire du Québec (Richard M. Bégin)

Monsieur le Président de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (Albert J. Cyr)

Monsieur Martin Lemay, député de Ste-Marie-St-Jacques

Chers conférenciers, chers participants,

C’est un privilège pour moi d’être parmi vous ce soir pour l’ouverture de ce grand congrès sur l’Amérique française. Il s’agit d’une bonne occasion de prendre le pouls de la francophonie en Amérique du Nord et de bénéficier du regard averti d’experts sur son histoire et ses perspectives d’avenir. 

En parcourant le programme du Congrès, j’ai non seulement constaté l’ampleur du sujet d’étude qui sera le vôtre durant ces deux jours, mais j’ai réalisé à quel point la francophonie nord-américaine, tout aussi diversifiée soit-elle, avait un certain nombre de dénominateurs communs.

De l’Acadie à l’Ontario, en passant par le Québec, la Nouvelle-Angleterre et la Louisiane, les francophones de l’Amérique du Nord partagent, à des degrés divers, une histoire commune de lutte, d’aspiration et d’affirmation.

Pour les francophones du Québec, l’épisode de cette affirmation s’est produit au tournant des années soixante. Il s’est avéré, pour les Québécois, une étape fondatrice, soit celle de l’édification de leur État et de l’affirmation de leurs pouvoirs au sein de la Fédération canadienne.

À l’occasion des épisodes de luttes pour les droits linguistiques des francophones en situation minoritaire au Canada, le Québec a toujours fait preuve de solidarité, que l’on pense à la lutte menée par les franco-ontariens, au début du siècle, pour l’enseignement en français ou à celle, plus récente, pour le maintien de l’hôpital Montfort.

Le lancement, en novembre 2006, de la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne par notre gouvernement démontre clairement notre intention de collaborer avec les francophones de la fédération. Cette Politique, conçue par mon prédécesseur, M. Benoît Pelletier, constitue aujourd’hui encore l’assise de nos actions en matière de francophonie canadienne.

Cette Politique incarne une vision fondée sur deux principes: d’une part, les francophones doivent renforcer leurs liens et établir des partenariats solides et concrets afin d’accroître leur présence et leur influence partout au pays. D’autre part, le Québec doit être un partenaire rassembleur auprès des différents acteurs de la francophonie canadienne, dans le respect de la diversité des communautés francophones et acadiennes.

La mise en œuvre de la Politique est assurée notamment par le Comité pancanadien, le Comité jeunesse et quatre Comités régionaux.

De plus, afin de concrétiser notre vision, des outils ont été identifiés. Tout d’abord, le gouvernement du Québec compte sur la collaboration des ministères et organismes sectoriels québécois, pour contribuer à la promotion et à la mise en œuvre de la Politique, par le biais d’un Comité interministériel sur la francophonie canadienne.  Il s’appuie aussi sur l’expertise développée par les Bureaux du Québec au Canada, lesquels entretiennent des relations étroites avec les communautés francophones, comme j’ai pu moi-même le constater lors de mon passage à Vancouver en avril dernier.

La Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne constitue un autre outil majeur auquel le Québec participe activement depuis 2003.  Celle-ci permet une meilleure coordination entre les actions des gouvernements provinciaux et territoriaux et celles du gouvernement fédéral notamment par des ententes de coopération.  Je participerai d’ailleurs à la prochaine Conférence les 15 et 16 juin prochains à Moncton et Dieppe, au Nouveau-Brunswick.

La Politique du Québec en matière de francophonie canadienne contient aussi deux programmes de soutien financier consacrés à la francophonie canadienne, soit le Programme d’appui à la francophonie canadienne et le Programme de coopération intergouvernementale. À travers ces programmes, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes appuie chaque année, à hauteur de 2,3 M$, près de 300 projets dans différents domaines, à travers le Canada. 

En matière de santé, le Québec collabore étroitement avec la Société Santé en français par le prêt de deux experts du réseau québécois de la santé qui contribuent à l’évaluation des soins de santé des francophones de l’extérieur du Québec et à l’identification des grands axes stratégiques. Cet appui vient d’être renouvelé pour deux années additionnelles.

En matière d’éducation, nous appuyons le Programme de partage et de renforcement de l’expertise des collèges et cégeps canadiens en enseignement professionnel et technique dispensé en français.  Les gouvernements de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick y sont maintenant associés.

En matière culturelle, nous contribuons à l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, dirigé par l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval et de nombreux partenaires. Il s‘agit d’un ouvrage multimédia d’envergure qui présente le patrimoine des communautés francophones du continent nord-américain.  L’Encyclopédie s'est mérité le Coup de cœur 2011 des prix Mérites du français dans la catégorie « technologies de l’information » pour l'excellence de son site Web, décerné par l'Office québécois de la langue française.

Comme en témoignent ces projets soutenus par nos deux programmes, les expertises développées dans toute la francophonie canadienne doivent être partagées, car elles peuvent nous apporter énormément et faire grandir la francophonie.

Bien sûr, le portrait des outils mis en place par la Politique ne saurait être complet sans faire état d’un nouvel acteur de premier plan : le Centre de la francophonie des Amériques.  Inauguré le 17 octobre 2008 par le Premier ministre, Jean Charest, et le Président de la République française, Nicolas Sarkozy, le Centre est né de l’initiative de notre premier ministre, qui en avait fait un engagement dans son discours inaugural de 2003. Son objectif consiste à regrouper et dynamiser la francophonie des Amériques. 

Le 13 mai dernier, j’ai eu la chance de rencontrer les membres de son conseil d’administration et de participer brièvement à leurs travaux. Je salue le président de son conseil, M. Jean-Louis Roy. Les échanges que j’ai eus avec les administrateurs m’ont démontré la vitalité du Centre. J’ai d’ailleurs insisté sur l’importance d’assurer son action à travers les Amériques et sur la nécessité de maintenir nos efforts soutenus pour la promotion de notre langue.

Parmi les projets phares du Centre, j’aimerais mentionner l’Université d’été sur la francophonie des Amériques, organisée en collaboration avec l’Université Laval, dont la 2e édition se tiendra à Québec en juin prochain et à laquelle je participerai; le Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques, dont la 3e édition aura lieu à Montréal  en juin également ; et le programme sur la mobilité des chercheurs dans le domaine de la francophonie des Amériques, géré conjointement avec l’Agence universitaire de la francophonie. 

Sur le plan de la coopération intergouvernementale en matière de francophonie, j’aimerais rappeler que le Québec a signé, depuis 2004, des ententes de coopération avec l’ensemble des gouvernements des provinces et territoires au Canada.  Ces ententes ont favorisé la mise en place de nombreux partenariats et d’échanges d’expertise dans plusieurs domaines.

D’ailleurs, Mme Meilleur et mon prédécesseur, M. Pelletier, ont signé le 2 juin 2006 un accord de coopération et d’échanges en matière d’affaires francophones, lequel a permis des collaborations notamment en matière d’éducation, de petite enfance, de santé et de culture. Je vous en félicite madame.

Cet accord s’insère dans une collaboration globale entre nos deux provinces, entérinée par le Protocole de coopération entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de l'Ontario. 

En tant que ministre responsable de la francophonie canadienne, je m’intéresse grandement à l’histoire de l’Amérique française, mais surtout aux enjeux auxquels elle est confrontée aujourd’hui. Le premier ministre a sûrement pensé, lorsqu’il m’a accordé le portefeuille de la Francophonie, qu’en 1813, c’est dans ma circonscription, Châteauguay, que Charles-Michel de Salaberry a repoussé les américains. Il y a probablement un élément de détermination et de liberté chers à tous les francophones.

Le Québec occupe une place particulière au sein de cette Amérique française du fait de son poids démographique et de la concentration territoriale de sa population francophone. Cependant, cette situation ne le soustrait pas à l’exigence de vigilance et d’efforts constants pour assurer la pérennité du fait français chez lui et à travers les Amériques.

Comme le rappelait justement le premier ministre lors du discours inaugural : « Notre langue, c’est notre identité, c’est notre force. Notre langue, c’est un instrument de liberté. » Nous nous devons de la protéger.

J’invite donc les francophones du Canada et des Amériques à solliciter le Québec tant pour renforcer les liens que pour établir des partenariats, tant pour réfléchir que pour construire, tant pour célébrer que pour s’affirmer. À ces sollicitations, le Québec répondra toujours présent.

Bonne soirée et bon congrès!