La version prononcée fait foi.
Bien chers amis de la francophonie canadienne,
Vous avez travaillé fort et bien. Ces deux journées passées ensemble ont été particulièrement riches. On le doit en grande partie à madame Monique Giroux, qui nous a accompagnés durant tout le Forum, ainsi qu’aux nombreux animateurs, panélistes et jeunes ambassadeurs. Merci de votre énergie communicatrice.
Ces retrouvailles de la francophonie canadienne, en plus d’être agréables sur le plan humain, ont aussi été très productives, comme le laissait déjà deviner le programme étoffé du Forum. Sachez que votre participation dynamique aux différents ateliers, tables rondes et activités du Forum a été très appréciée.
D’entrée de jeu, je retiens des échanges des deux derniers jours plusieurs messages importants.
En premier lieu, vous souhaitez que les communautés soient mieux connues au Québec. À cet égard, il y a encore à faire, notamment pour que la population québécoise soit mieux informée de l’existence des communautés francophones et acadiennes, de leurs réalités diverses et des intérêts qu’elles partagent.
C’est d’ailleurs pour répondre à cet enjeu que nous avons publié samedi dernier, à plus de 500 000 exemplaires, dans les principaux quotidiens du Québec, un cahier spécial sur la francophonie canadienne et des Amériques. Réalisé conjointement avec le Centre de la francophonie des Amériques, ce cahier spécial a également été inséré dans votre sac aux couleurs du Forum de la francophonie canadienne.
Deuxième message : il faut maintenir notre soutien à une grande variété de partenariats dans différents secteurs et dans toutes les régions du Canada. Nous avons bien saisi à quel point il est avantageux de travailler ensemble et d’unir nos forces. Voilà un acquis que nous devons non seulement maintenir, mais aussi continuer à renforcer, tout en apprenant à mieux nous connaître.
Troisième message, il faut continuer à valoriser la coopération intergouvernementale, que ce soit en relation avec la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne ou en coopération bilatérale, avec les autres gouvernements. Le prochain aura lieu les 26 et 27 juin à Edmonton. L’impulsion des décisions politiques est nécessaire.
Cette coopération a fait ses preuves, comme le démontrent les nombreuses initiatives soutenues depuis plusieurs années. Je pense par exemple au prochain Forum pancanadien sur le développement économique qui se tiendra à l’automne, avec l’appui de la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, en Outaouais. Assurément, nous maintiendrons ces acquis.
Par ailleurs, il y a des pistes plus précises qui ont été mentionnées lors des activités du Forum. Par exemple, vous avez évoqué l’importance d’approfondir les liens entre les régions québécoises plus éloignées des grands centres et les communautés francophones et acadiennes. Ces collectivités souvent plus petites ont beaucoup en commun, et je parle ici tant des richesses que des difficultés à affronter. La Tournée des régions organisée par la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada est un bel exemple d’initiative favorisant ce rapprochement souhaité de part et d’autre.
Lors des ateliers et tables rondes, la majorité des participants ont reconnu qu’un grand pas a été franchi depuis 2006, année où la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne a été lancée. Vous avez été nombreux à confirmer que la Politique a facilité le transfert de connaissances et d’expertise dans différents secteurs, ce qui a contribué à renforcer la capacité de vos collectivités à vivre en français.
Au Manitoba, Centrallia est une réussite digne de mention, pour avoir permis d’intégrer un volet francophone à un vaste événement international de maillage d’entreprises. Vous avez également donné l’exemple du projet d’espace économique francophone, dont on peut presque dire qu’il a déjà atteint une vitesse de croisière, après avoir bénéficié notamment d’un appui du Québec.
En matière d’arts et de culture, un plus grand nombre d’initiatives dans la foulée de la Politique aura certainement permis une plus grande diffusion, au Québec, des réalisations d’artistes des communautés francophones et acadiennes, et cela va se poursuivre, puisque la culture est au cœur même de l’identité francophone que nous partageons.
La liste est longue de tous les exemples que vous avez relevés durant le Forum, mais ce qu’il faut retenir, surtout, c’est que l’intensification des échanges a permis de mettre en valeur les différences et les richesses de chacun, et qu’au bout du compte, chacun en ressort gagnant.
Ces échanges en groupes nous ont également permis de dégager une vision commune des enjeux de la francophonie canadienne. Je crois que nous sommes tous d’accord sur l’importance de reconnaître les difficultés inhérentes au fait d’être francophone dans un univers majoritairement anglophone. De là toute l’importance de renforcer nos liens, car c’est en nouant des alliances, en consolidant nos partenariats et en misant sur nos actions communes que nous pourrons faire face à ces défis. Dans la mesure où notre francophonie s’anime, qu’elle se concerte et qu’elle prend des initiatives pour mieux se faire connaître, on peut dire que notre francophonie est vivante et en santé!
Dans cette perspective, ce forum nous a permis d’amasser nombre d’idées porteuses pour l’avenir de la francophonie canadienne. Ces idées, elles vont nous permettre d’innover afin d’agir en concordance avec les enjeux contemporains, de façon à tirer notre épingle du jeu! Sur ce plan, les ateliers ont été particulièrement riches, parce qu’ils ont permis d’identifier des moyens concrets pour renforcer davantage nos liens et permettre à la francophonie canadienne de s’inscrire pleinement dans la modernité, avec tout ce que cela implique. Nous l’avons entendu lors du Talk show, c’est vrai dans le domaine de la culture, et c’est tout aussi vrai dans celui du développement économique.
Sans oublier la langue française, qui est à la fois le moteur de notre action commune et notre richesse collective, cette langue qui nous distingue et nous unit. De ces différentes activités sont ressorties des pistes qui ont du potentiel pour faire de la langue française notre principal atout!
Tous ces constats et ces pistes mis en lumière au cours des deux derniers jours, nous les prendrons en considération, après le Forum, afin de convenir avec nos comités de concertation des moyens susceptibles de mieux répondre à nos préoccupations communes. Ce travail de concertation est au fondement même de nos relations. Il nous permet d’optimiser la portée de nos échanges et de nos collaborations et il alimentera la planification stratégique du Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes en matière de francophonie canadienne.
Une autre suite intéressante se réalisera lors du Forum mondial de la langue française qui se tiendra à Québec du 2 au 6 juillet prochain. À cette occasion, nos jeunes ambassadeurs iront présenter les constats de notre Forum et partager avec les autres participants de la Francophonie internationale les enjeux propres à la francophonie canadienne.
Comme vous pouvez le constater, plusieurs moyens sont donc déjà en place pour tirer profit des connaissances et des pistes d’action dégagées tout au long du Forum. Cependant, pour marquer dès aujourd’hui l’engagement renouvelé du gouvernement du Québec envers la francophonie canadienne, nous avions à cœur de le traduire par un geste fort et concret. C’est dans ce contexte et avec beaucoup de fierté que je dévoile aujourd’hui, au nom du gouvernement du Québec, un nouveau plan d’action en matière de francophonie canadienne.
Ce plan d’action reprend le thème du présent Forum, « La francophonie @ cœur ». Il sera mis en œuvre au cours des 5 prochaines années dans le cadre d’une collaboration étroite entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes. À l’image d’une francophonie bien ancrée dans la modernité, les initiatives présentées dans le nouveau Plan d’action couvrent une variété de secteurs. Au nombre de 14, ces nouvelles actions sont le fruit d’un solide travail de concertation. Plusieurs ministères et organismes du gouvernement du Québec ont été partie prenante de cet exercice. De même, le Centre de la francophonie des Amériques est étroitement associé à la réalisation de plusieurs d’entre elles.
Sans plus tarder, je vais vous présenter ces 14 initiatives, dont quelques-unes font écho à des ateliers tenus hier et aujourd’hui lors du Forum. Veuillez noter qu’un exemplaire du Plan d’action vous sera remis à la sortie de la salle.
Ce n’est probablement un secret pour personne que dans 2 ans, en 2014, le Québec sera le lieu d’une grande première. En effet, il sera l’hôte du Congrès mondial acadien en association avec les gouvernements du Nouveau-Brunswick, du Canada, du Maine et des États-Unis. Pour marquer comme il se doit cette rencontre inédite, le gouvernement du Québec contribuera à son organisation et à sa tenue.
Dans le domaine de l’éducation, le gouvernement du Québec explorera avec ses partenaires la possibilité de mettre en place un programme favorisant la mobilité des étudiants entre les universités francophones québécoises et les 14 universités francophones canadiennes membres de l’Association des universités de la francophonie canadienne.
Cette initiative permettra à des étudiants francophones de l’extérieur du Québec et à des étudiants québécois de poursuivre leur formation dans un nouvel environnement tout en demeurant inscrits à leur établissement d’attache, auprès duquel ils acquitteront leurs droits de scolarité.
Parmi les nombreux projets menés par le Centre de la francophonie des Amériques, quatre d’entre eux bénéficieront d’un appui particulier du Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes dans le cadre du nouveau Plan d’action.
D’une part, le gouvernement du Québec collaborera à la création d’une bibliothèque numérique qui regroupera des ouvrages portant sur divers thèmes de la francophonie canadienne et des Amériques. Dans cette perspective, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes offrira un appui à des éditeurs et à des auteurs de l’extérieur du Québec au Canada pour la numérisation d’ouvrages francophones. De plus, une collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec permettra de rendre disponibles, dans un format numérique, des documents faisant partie de ses collections.
D’autre part, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes appuiera le développement de Radio Jeunesse des Amériques, la radio multimédia lancée récemment par le Centre de la francophonie des Amériques. Cette nouvelle radio jeunesse diffusée sur le Web était présente au Forum, dont elle a couvert plusieurs activités.
Par son appui, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes permettra aux écoles et aux groupes communautaires francophones du Canada d’avoir accès à de la formation et à des équipements utiles pour en alimenter la programmation.
Par ailleurs, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes soutiendra la participation de jeunes francophones âgés de 18 à 35 ans du Québec et des communautés francophones et acadiennes du Canada au Parlement francophone des jeunes des Amériques.
Initiative du Centre de la francophonie des Amériques, cette nouvelle simulation parlementaire serait inaugurée à Toronto en août 2013, avec la collaboration de l’équipe responsable de la région de l’Amérique au sein de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.
Plusieurs d’entre vous avez eu la chance de participer, hier après-midi ou ce matin, à un atelier portant sur les arts et la culture et la place qu’ils occupent dans le développement des collectivités francophones. Dans cette perspective seront érigées des passerelles, entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes, pour faciliter le partage des idées et de l’expertise dans ce domaine. Ces échanges accrus encourageront l’émergence d’initiatives de développement local et régional par les arts, la culture et la valorisation du patrimoine.
Le gouvernement du Québec et ses partenaires du Québec et des communautés francophones et acadiennes encourageront la collaboration et les partenariats entre les médias communautaires francophones au Canada. Cette initiative permettra de réunir les ressources nécessaires pour assurer la vitalité des médias communautaires francophones et la consolidation de l’Espace culturel francophone canadien.
Autre domaine ayant été l’objet de deux ateliers fort intéressants lors du Forum, le développement économique est au cœur de deux initiatives du nouveau Plan d’action.
D’abord, le Québec appuiera la tenue de rencontres et d’initiatives conjointes de nature économique avec les communautés francophones et acadiennes afin de consolider l’Espace économique francophone au Canada. Au cours des 5 prochaines années, ce nouvel engagement permettra d’offrir aux acteurs du monde des affaires et à ceux du développement économique, partout au Canada, un espace commun pour le développement des affaires, la communication et la concertation en français.
Dans le but de stimuler la croissance et le développement économique, les organismes du Québec et ceux des communautés francophones et acadiennes ont consacré beaucoup d’énergie, depuis plusieurs années, pour faire progresser l’esprit d’entreprise, notamment chez les jeunes. Un partage des meilleures pratiques développées de part et d’autre permettra de mieux connaître les facteurs de réussite, les pièges à éviter et les différents modèles de développement de l’entrepreneuriat. Dans cette perspective, le gouvernement du Québec appuiera les efforts des intervenants économiques et des milieux d’affaires pour encourager la création de liens de coopération économique avec les communautés francophones et acadiennes.
En 2015, la Capitale québécoise accueillera la Première rencontre des francophones d’Amérique. Cette rencontre inédite sera organisée par le Centre de la francophonie des Amériques avec la collaboration notamment du Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes, du ministère des Relations internationales et de la Ville de Québec. Elle réunira des intervenants de la francophonie canadienne, états-unienne, caribéenne et latino-américaine, ainsi que des francophiles des Amériques.
Parmi les domaines de collaboration en croissance entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes, il y a celui de la petite enfance. Ce secteur est d’autant plus essentiel qu’au sein des communautés francophones et acadiennes, le contexte dans lequel se construit l’identité des jeunes enfants a une importance déterminante sur leur choix futur de vivre en français. Dans le cadre du nouveau Plan d’action, le Québec partagera ses connaissances et son expertise avec les communautés francophones et acadiennes du Canada.
Autre domaine d’échanges et de coopération qui prend de l’ampleur entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes, la santé fait également l’objet d’une action dans notre nouveau Plan. Rappelons d’abord que la Société Santé en français, qui célèbre cette année son 10e anniversaire, peut compter depuis 2004 sur deux ressources qui lui sont prêtées par le réseau québécois de la santé.
Fructueuse à bien des égards, cette expérience incite le gouvernement du Québec à continuer d’appuyer le réseautage entre le milieu de la santé du Québec et celui des communautés francophones et acadiennes du Canada.
Dans la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne, la coopération intergouvernementale occupe une place de choix parce qu’elle assure une meilleure coordination entre les actions du Québec et celles des autres gouvernements.
Pour renforcer encore davantage ces liens précieux de coopération, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes organisera des missions thématiques en matière de francophonie canadienne à l’intention des gouvernements des provinces et territoires au Canada. Ces missions porteront sur des secteurs stratégiques comme le développement économique, l’immigration, la petite enfance, la santé et la justice. Elles pourraient aussi comporter un volet à l’intention des communautés francophones et acadiennes.
Une dernière initiative vise à accroître la maîtrise de la langue française chez les élèves des écoles francophones et des classes d’immersion française en faisant appel à la Dictée P.G.L. Déjà bien ancrée dans le milieu scolaire québécois, la participation dans les autres provinces et territoires canadiens reste encore modeste avec 13,5 % des quelque 200 000 écoliers inscrits en 2011-2012.
Pour augmenter la participation d’élèves des communautés francophones et acadiennes du Canada et d’élèves francophiles à la Dictée P.G.L., le gouvernement du Québec appuiera la Fondation Paul Gérin-Lajoie pour son implantation dans les écoles francophones et les classes d’immersion française au Canada.
Comme vous pouvez le constater, le nouveau Plan d’action dévoilé aujourd’hui rassemble des initiatives variées qui rejoignent plusieurs préoccupations évoquées lors du Forum.
Tout comme pour le premier Plan d’action, ces nouvelles actions seront menées en étroite collaboration avec :
Ces actions pourront être appuyées financièrement à l’intérieur des programmes de soutien financier en matière de francophonie canadienne du gouvernement du Québec.
Loin d’être limitatif, cet ensemble d’initiatives jumelé aux constats et aux idées qui découlent des travaux du présent Forum convient tous les partenaires du Québec et des communautés francophones et acadiennes à faire preuve de créativité pour consolider les précieux liens qui enrichissent et renforcent la francophonie canadienne et qui lui permettent de conquérir de nouveaux espaces. Ils tracent ainsi la voie aux partenariats que nous continuerons à développer ensemble, Québécois et membres des communautés francophones et acadiennes du Canada, au cours des 5 prochaines années.
Le Québec souhaite continuer à être un acteur inspirant afin de contribuer, de façon concrète, au dynamisme et à la vitalité de la francophonie canadienne ainsi qu’au rayonnement et à la pérennité du fait français. Il vise non seulement à renforcer les liens entre les Québécois et les francophones de l’ensemble du Canada, mais également à inscrire leurs échanges dans une relation durable.
En terminant, je salue et remercie encore une fois tous les Francophones, Acadiens et Francophiles venus de partout au Canada pour participer au Forum de la francophonie canadienne. Votre présence, vos idées et votre détermination à faire rayonner la langue française dans toutes les dimensions de la vie sont le plus précieux gage de sa vitalité, de son rayonnement , voire de sa survie!
Dans leur aspiration à vivre en français, les francophones du Canada et des Amériques peuvent compter sur l’appui du Québec, car tout comme vous, nous avons La francophonie @ cœur! Faire de la langue française le véhicule de nos grandes aspirations, le véhicule de nos plus grands espoirs; par elle, tout devient possible!
Yvon Vallières
Ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne
